OFFICE DES LAMENTATIONS
Viimati muudetud: 06.03.2015
Chers Frères et Soeurs,
« Pühal ja suurel laupäeval, nous dit l’Eglise, peame me Issanda Jumala ja meie Lunastaja Jeesuse Kristuse jumaliku ihu mahamatmise ja Tema alla surmavalda minemise mälestust
(Le Saint et Grand Samedi nous célébrons la divine Sépulture et le Séjour aux Enfers de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, qui a fait passer le genre humain de la mort à la vie éternelle »).
Ce samedi que nous appelons grand on õnnistatud hingamispäev, mil hauas hingab Kristus, kes kolmandal päeval üles tõuseb! (…est béni entre tous car le Christ endormi doit ressusciter le troisième jour!)
Selon Saint Jean Chrysostome » de la même manière que la grande et sainte semaine coiffe la totalité des autres semaines, de la même manière le grand samedi coiffe cette semaine ». Voilà pourquoi nous chantons qu’il est béni entre tous.
Un des tropaires de la quatrième ode du canon de ces matines précise : » Täna pühitsetud Sa seitsmendat päeva, mida Sa vanal ajal õnnistrasid oma puhkamisega tegemistest, sest Sina ehitad üles ja uuendad kõike, hingamispäeva pidades ja ometi tööd tehes, mu Lunastaja (Aujourd’hui tu sanctifies le septième jour que jadis tu as béni en te reposant de tes oeuvres ; Dieu Créateur et Sauveur, en observant le Sabbat, tu renouvelles toutes choses et recrées l’univers »). Ce septième jour est donc bien celui qui est béni entre tous parce que ce Sabbat prépare le renouvellement de toute la création et qu’il est déjà l’annonce du huitième, lequel est celui de la Résurrection.
Mais le tropaire qui nous dépeint en quelques lignes toute la signification du saint et grand samedi est le deuxième de la première ode : « Issand mu Jumal, ma laulan Sulle elust lahkumise ja mahamatmise laulu, Sulle, kes oma matmisega mulle eluuksed lahti tegid ning oma surmaga surma ja põrguhaua surmasid (Seigneur mon Dieu, je chante pour toi sur ton sépulcre une hymne d’adieu ; par ta mise au tombeau tu m’ouvres les portes de la vie, détruisant la mort et l’Enfer par ta mort) »…Le grand vendredi est passé. La terre n’est plus saisie de tremblements ; les pierres ne se fendent plus, les arbres ne se déracinent plus, les maisons ne s’effondrent plus ; le voile du Temple, qui fut tout tremblant de frayeur, ne se déchire plus. Un grand silence s’abat sur tout l’univers. Pour Jésus, être mis au tombeau signifie d’abord la vérité de sa mort : il n’est pas mort en apparence ! Il a vraiment été enseveli parce qu’il a réellement « connu » la mort.
Dieu est mort dans sa chair ! C’est le moment de paix où nous ne pouvons plus rien ! Jésus, dans son humanité, fait l’expérience de cet instant où il n’y a plus aucun mouvement. Ce jour est un jour sans paroles…
Mais ce n’est pas là le point final. Dans le tombeau Jésus n’attend pas passivement que la puissance du Père, la force de l’Esprit Saint redonne vie à tout son être humain. Non ! Le tombeau, c’est le moment le plus fort de son amour : le moment de « l’espérance contre toute espérance ». Le grand silence de ce jour est ce temps mystérieux qui réduit à néant toute insolence de la présomption humaine.
Pour cette raison l’Enfer est rempli d’amertume, puisque le sommeil du Christ dans la tombe annonce le réveil des justes qui étaient plongés dans les ténèbres de l’Adès. Plus encore : Jésus est descendu jusque dans les entrailles de l’Enfer pour partager l’état d’enfouissement dans la mort, non seulement de tous ceux qui avaient vécu avant lui et après lui ; mais aussi il est descendu pour chacun d’entre nous, qui, en ce moment, sommes encore entre la mort et la vie.
Chers Frères et Sœurs,
La célébration de ce soir nous place devant un choix : celui de croire ou de ne pas croire ce qui est arrivé. Dépasser l’incompréhensible parce qu’indicible pour nous laisser envahir par un mystère qui nous surpasse complètement. Un mystère dont le sens ne peut se prouver, voire s’éprouver qu’en Dieu lui-même. C‘est pourquoi nous devons d’abord décider de choisir. Choisir de croire que le Fils de Dieu est bien venu sur cette terre et qu’il est mort et ressuscité. Choisir et décider si ce qui s’est passé il y a tant d’années est bien vrai, si ce qui va au-delà d’une certaine historicité comporte bien le don de Dieu.
« Voici, dit le Seigneur par la bouche du prophète Ezéchiel (37,12-13), j’ouvrirai vos sépulcres, je vous en ferai sortir pour vous ramener sur la terre d’Israël ; et vous saurez que je suis le Seigneur, lorsque j’ouvrirai vos tombes pour en faire sortir mon peuple ».
Le Christ, par sa mise au tombeau, s’apprête à nous ouvrir les portes de la vie. Toutefois il nous laisse la liberté de choisir. Ce n’est en effet que par l’exercice de notre liberté que nous serons appelés à devenir nous aussi des êtres résurrectionnels. Alors et alors seulement, le tombeau sera « dans ce temps-ci » tout habité de la présence divine. Amen !
(vendredi soir 2 avril 2010, matines du grand et saint samedi)+Stephanos, métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie