LA PROTECTION DE LA MERE DE DIEU
Viimati muudetud: 06.03.2015
Chers Frères et Sœurs en Christ,
Il n’est un secret pour personne que les Chrétiens Orthodoxes aiment beaucoup demander l’assistance et la protection de la très Sainte Vierge Marie et n’hésitent pas à lui confier les demandes que, par son intermédiaire, ils adressent à Dieu. Et il en est de même pour tous les Saints qu’ils invoquent tantôt dans leurs célébrations tantôt le jour de leur fête.
Il arrive toutefois que certaines de ces demandes restent sans réponse. Et c’est de cela que je voudrais vous entretenir ce matin. Tous en effet nous avons connu ces moments où nous nous sommes tournés vers Dieu et où nous avons retiré l’impression de n’avoir pas été entendus.. Et nous ne comprenons pas pourquoi il en est ainsi. Nous ne comprenons pas pourquoi, malgré notre grande foi, malgré nos jeûnes et nos offrandes, Dieu reste silencieux alors que nous sommes plongés dans une grande détresse.
Par-dessus tout, nous ne comprenons pas que la sagesse de Dieu n’est pas la nôtre et que le plus important, pour la circonstance, c’est tout simplement de nous remettre totalement, sans condition et en toute circonstance à sa divine volonté. Jésus, en s’adressant à ses disciples (Jn 13,33), n’hésite pas à les qualifier du terme : mes petits enfants. Non seulement enfants : mais petits enfants ! Une telle expression implique à la fois l’idée de paternité, l’idée d’une affection profonde et aussi l’idée d’une sollicitude particulière de tous les instants. Etre des petits enfants, cela signifie ne pas encore avoir la force, ne pas encore avoir la perfection de l’âge adulte.
Quand nous prions Dieu, tenons-nous devant Lui comme des petits enfants. Cela ne veut pas dire que nous devons nous dépouiller de toutes les qualités humaines que nous avons acquises tout au long de notre existence et que l’enfant ne possède pas encore. Mais cela veut dire que nous devons nous dépouiller de nos défauts d’adulte pour nous revêtir des qualités positives du petit enfant. Autrement dit, redevenir ce petit enfant qui se place entre les mains de Dieu et qui se laisse conduire la main dans la main par le Père qui est aux cieux avec docilité, avec une absolue confiance.
Nous savons que Saint Paul était atteint d’une maladie incurable. « Trois fois, écrit-il dans sa deuxième lettre aux Corinthiens (12,8-9), j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. Mais il m’a dit : ma grâce te suffit ; c’est dans la faiblesse que ma puissance donne sa mesure ». Et ailleurs, dans sa lettre aux Hébreux, il explique que Dieu permet que nous subissions certaines afflictions pour notre bien, pour « qu’il nous communique sa sainteté » (Hébreux 12,10) et « parce que nous savons que l’affliction produit la patience, que la patience mène à la fidélité et que la fidélité conduit à l’espérance (Romains 5, 3-5) », laquelle ne trompe pas. Les tristesses que l’homme de foi traverse tout au long de sa vie terrestre le mettent certes à l’épreuve. Mais chaque épreuve le fortifie aussi dans son espérance et au bout du compte cette espérance finit toujours par porter du fruit.
Notre vie est semée de nombreuses embûches et de nombreuses épreuves qui nous font dire dans notre prière : « Seigneur, viens à mon secours, libère-moi ! » La réponse, nous la trouvons dans ces paroles même du Christ au mont des Oliviers alors qu’Il est sur le point d’être arrêté par ceux qui s’apprêtent à Le crucifier : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ( Mt 26,39) ». La leçon est ici double :
– En premier lieu, à chacune de nos demandes, n’omettons pas d’ajouter : « toutefois, non pas selon ce que moi je veux, mais selon ce que Toi tu veux ». Sans doute que, d’après nos propres critères, nos interventions sont justifiées . Mais Dieu les mesure à l’aune de sa sagesse et de notre foi, selon ce qui Lui semble nous être le plus profitable, essentiellement en vue de notre propre édification spirituelle.
– Tel est en effet le second enseignement que nous trouvons dans la lecture de l’évangile de ce matin (Luc 10,41-42): « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses, alors qu’une seule est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée ». Oui, nous nous agitons pour beaucoup de choses : nos problèmes de famille, nos interrogations et nos incertitudes pour l’avenir, nos épreuves qui surgissent avec la maladie, la vieillesse et bien d’autres… Epreuves pour lesquelles nous sommes en droit d’espérer le soutien qui vient d’en-haut. Marthe, selon l’Evangéliste Luc, avait pour seul souci de bien accueillir son hôte, aussi avait-elle porté toute son attention sur les choses matérielles tandis que Marie s’était contentée de se mettre à l’écoute de Jésus. La réaction de Jésus est sans équivoque : toute intercession, aussi légitime soit-elle, n’est pas nécessairement agréable à Dieu. Chaque fois donc que nous ne recevons de Lui aucune réponse, commençons par nous demander sur quelle base notre prière est fondée ; sur quoi nous avons mis l’accent : sur le matériel ou sur le spirituel? Ce que Dieu retiendra, c’est d’abord notre bien-être spirituel auquel s’ajouteront de surcroit les bienfaits matériels. Tel fut le choix de Marie à l’opposé de celui de Marthe, aussi louable fût-il, et « cette part, dit le Christ, ne lui sera point ôtée ».
Chers Frères et Sœurs en Christ,
« Recherchez encore et encore ce qui est agréable au Seigneur et n’ayez complicité dans aucune œuvre stérile des ténèbres nous conseille Saint Paul (Ephésiens 5/10-11) ; au contraire, condamnez-les ouvertement ». Alors, alors seulement notre prière – appuyée par la Mère de Dieu et tous les Saints que nous invoquons – s’élèvera agréablement jusqu’au ciel comme la fumée de l’encens et de son parfum rejaillira sur nous et sur nos demandes la grâce du Seigneur. Amen !
+ Stephanos, métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie