L’ORTHODOXIE – L’HÉRITAGE DES SEPT CONCILES
Viimati muudetud: 06.03.2015
L’ORTHODOXIE
L’HÉRITAGE DES SEPT CONCILES
Les certitudes fondamentales des orthodoxes :
Dieu est devenu Homme pour que l’homme devienne Dieu en lui.
Au mystère de la Trinité s’accorde le mystère de la vocation humaine.
Le cœur de l’homme aspire à l’union à Dieu.
Le Credo de Nicée-Constantinople
« Nous préservons, incorrompue, la doctrine du Seigneur, et adhérons à la foi qu’il nous a donné, nous la gardons intacte de toute souillure et amoindrissement, comme un trésor royal et un monument de grand prix, n’ajoutant rien et ne retranchant rien ». Ce rappel de la lettre de nos patriarches, rédigée en 1718, nous résume d’emblée ce qui caractérise bien l’Eglise orthodoxe, à savoir son immuabilité dans la proclamation et l’affirmation de la vraie foi, sa détermination à rester fidèle au passé, son sens de la continuité vivante avec les Eglises des temps anciens et son devoir de transmettre cet héritage intact aux générations futures.
Le mot Orthodoxie, selon l’étymologie grecque, provient de orthos qui signifie droit et de doxa qui veut dire opinion, jugement, estime et gloire. Les Pères grecs utilisent le mot Orthodoxie pour désigner l’Eglise ; ils entendent par ce terme manifester la louange dans la Vérité. Le mot orthodoxe est donc synonyme de vraie foi et vraie gloire (ou vrai culte).C’est pourquoi les orthodoxes sont convaincus que leur Eglise est dépositaire de la vraie foi qui glorifie Dieu comme il doit l’être, et la considère comme l’Eglise du Christ sur la terre. L’exigence donc de l’Eglise orthodoxe est d’être une Eglise universelle, non pas exotique ou orientale, mais simplement chrétienne. La plus importante profession de foi de tous les Conciles œcuméniques est le Credo de Nicée (325) Constantinople (381) dont le 6ème Concile (680) confirmera le caractère d’autorité en tant que « règle de foi » la plus parfaite. Lu à chaque célébration eucharistique tout comme chaque jour à l’office de minuit et des complies, il confesse donc solennellement les dogmes chrétiens qui, avec la Bible, possèdent une autorité irrévocable et permanente en tant que définitions doctrinales des Conciles œcuméniques.
LE CREDO DE NICÉE-CONSTANTINOPLE
Je crois en seul Dieu, Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre et de toutes choses visibles et invisibles.
Et en un seul Seigneur Jésus- Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstanciel au Père par qui tout a été fait. Qui pour nous autres hommes et pour notre salut, est descendu des cieux, s’est incarné du Saint- Esprit et de la Vierge Marie et s’est fait homme. Qui a été crucifié pour nous sous Ponce-Pilate, a souffert et a été enseveli. Qui est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures. Qui est monté au ciel est assis à la droite du Père, d’où il reviendra en gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin.
Et au Saint-Esprit, Seigneur, qui donne la vie, qui procède du Père, qui est adoré avec le Père et le Fils, qui a parlé par les prophètes.
En l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique. Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés. J’attends la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen.
FOI ET RITUEL
Les sacrements sont appelés « mystères » à cause de la dualité de ce qui est visible (signe extérieur) et invisible (grâce spirituelle) dans chaque sacrement. L’Eglise compte sept sacrements :
+ Baptême
+ Chrismation
+ Eucharistie
+ Pénitence ou confession
+ Ordination (par imposition des mains)
+ Mariage
+ Onction des malades
Il faut noter qu’il existe d’autres actions qui possèdent un caractère sacramentel :
+ La prise d’habit monastique
+ La bénédiction des eaux à l’Epiphanie (Théophanie de Notre Seigneur)
+ Le service des funérailles
Dans l’Eglise orthodoxe, aujourd’hui comme aux premiers siècles, les trois sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, chrismation ou confirmation et communion) sont étroitement liés. Un orthodoxe, sans distinction d’âge, qui devient un membre du Christ, en reçoit en même temps tous les privilèges. Le baptême est conféré par triple immersion. La liturgie habituelle des dimanches et des jours de semaine est la liturgie de Saint Jean Chrysostome. Sont aussi utilisées les liturgies de Saint Basile le Grand, de Saint Jacques frère du Seigneur et la liturgie des Présanctifiés pendant les jours de semaine du grand Carême à l’exception des dimanches, du jeudi saint et du samedi saint ; c’est une liturgie sans consécration, à laquelle la communion est donnée avec des éléments consacrés le dimanche précédent.
Le sacrement de l’onction des malades (en grec euchelaion, huile de prière) apporte non seulement la guérison du corps, mais aussi le pardon des péchés (voir 1 Jacques V/14-15). Ce sacrement est destiné à n’importe quel malade, quelle que soit la gravité du cas. En outre, tous les chrétiens orthodoxes le reçoivent une fois l’an en semaine sainte. Pour le P. Serge BOULGAKOFF (L’Orthodoxie p.162) ce sacrement a deux faces : l’une tournée du côté de la guérison, l’autre du côté de la délivrance de la maladie par la mort.
L’Eglise compte trois ordres majeurs
+ LE DIACONAT
+ LA PRETRISE
+ L’EPISCOPAT
Les diacres et les prêtres peuvent être mariés pourvu que le mariage précède l’ordination. Les évêques sont choisis parmi les moines. Un veuf peut devenir évêque s’il prononce les vœux monastiques.
L’évêque seul peut ordonner, le sacre d’un nouvel évêque doit être fait par deux ou trois évêques au minimum. L’assemblée toute entière, c’est-à-dire tout le peuple de Dieu présent, approuve les ordinations en criant « AXIOS » il est digne.
FETES ET JEUNES
Le calendrier ecclésiastique commence le 1er septembre. Parmi les fêtes Pâques est la fête des fêtes et se place tout à fait à part. A côté de Pâques, il y a douze fêtes particulièrement importantes :
+ Nativité de la Vierge (8 septembre)
+ Exaltation de la Croix (14 septembre)
+ Entrée au Temple de la Vierge (21 novembre)
+ Nativité du Christ (25 décembre)
+ Epiphanie ou Théophanie (baptême du Christ 6 janvier)
+ Présentation au Temple du Seigneur (2 février)
+ Annonciation (25 mars)
+ Entrée à Jérusalem (dimanche des Rameaux)
+ Ascension (40 jours après Pâques)
+ Pentecôte (50 jours après Pâques)
+ Transfiguration (6 août)
+ Dormition de la Mère de Dieu (Assomption 15 août)
L’Eglise orthodoxe, qui regarde l’homme dans son entièreté, corps et âme, invite le corps à l’ascèse au même titre que l’âme. L’année comporte quatre grandes périodes de jeûne :
+ Le Grand Carême : sept semaines avant Pâques.
+ Le jeûne des Apôtres, qui commence un lundi, huit jours après la Pentecôte et finit le 28 juin, veille de St Pierre et Paul ; il varie entre une et six semaines.
+ Le jeûne de l’Assomption, du 1er au 14 août.
+ Le jeûne de Noël, qui dure 40 jours, du 15 novembre au 24 décembre.
En règle générale et en plus de ces grandes périodes, on jeûne aussi chaque mercredi et chaque vendredi (jours de commémoration de la Croix).
L’ICONE
L’icône est un moyen de connaître Dieu et de s’unir à Lui. Elle ne peut donc se définir comme un élément décoratif, ni seulement comme une illustration de l’Ecriture. Au contraire, elle fait partie intégrante de la liturgie qui nous rend accessibles à Dieu par la beauté. Dieu en effet ne s’est pas uniquement fait entendre, Il s’est fait aussi voir ; Il s’est fait Visage. L’Incarnation du Christ fonde l’icône et l’icône montre l’Incarnation. « Je n’adore pas la matière ; mais dans l’icône, dit St Jean Damascène, j’adore le Créateur de la matière qui, à cause de moi, est devenu matière et par là m’a sauvé ».
Représenter le Christ, c’est aussi représenter les membres de son Corps ecclésial : l’icône ne nous montre pas seulement Dieu qui se fait homme mais aussi l’homme qui se fait Dieu. Ce qui sera ainsi vrai du visage du Christ le deviendra de même du visage de l’homme quand l’Esprit le remplit ; autrement dit, l’icône nous fait pressentir la déification de la personne humaine et la sanctification de l’univers, c’est-à-dire la vérité des choses et des êtres : sa symbolique est toujours au service de la personne ; elle s’intègre, en la manifestant, à la plénitude de la communion.
« Ce que le livre (les Ecritures saintes) nous dit par le mot, l’icône nous l’annonce par la couleur et nous le rend présent » (Concile de Constantinople de 680) : fenêtre ouverte sur le Royaume de Dieu, l’icône supprime ainsi toute illustration pure et simple car elle ne dessine jamais le Transcendant, elle ne « le chosifie pas » ; mais au contraire elle dessine la présence. Et tout converge vers le seul rappel : il n’y a pas de vie éternelle hors du Christ et de ses sacrements. L’icône enfin nous rappelle que le témoignage de l’Esprit doit devenir aujourd’hui non seulement service, mais art. L’art de s’unifier dans « cet œil de notre cœur » qui décèle en tout être humain la chance de la Beauté du Visage de Dieu en l’homme, seule capable de déchiffrer le visage de tout homme en Dieu et cela parce que l’Inaccessible vient à nous pour nous atteindre à travers tous les visages et toute la beauté du monde.
LA BEAUTÉ : C’EST DIEU
Une autre idée de la spiritualité orthodoxe : la beauté. Quand on a perdu le sens de la beauté, de la poésie, du silence, à quoi bon la justice et le pain, car l’homme ne vit pas que de justice et de pain, il vit aussi de beauté. Et la beauté, c’est Dieu. Le visage le plus beau, c’est le visage qui fut le plus blessé, le plus frappé, le visage du Christ sur la croix. C’est la seule beauté et c’est la recherche de cette beauté et le désir d’y accéder qui justifient et qui expliquent la vie du saint.
LA MÉTANOIA
La spiritualité orthodoxe ignore l’acquisition des mérites. Pour l’orthodoxie, grâce et liberté humaine se manifestent simultanément. Le don de Dieu, puis le libre choix de l’homme de l’accepter, de l’intégrer dans sa vie. Donc, grâce et liberté ne peuvent être conçues l’une sans l’autre et comme la grâce de Dieu ne peut habiter dans les hommes qui fuient leur salut, la vertu humaine n’est pas non plus suffisante pour élever à la perfection les âmes étrangères à la grâce (saint Grégoire de Nysse). C’est en ce sens que la spiritualité orthodoxe ne connaît pas l’acquisition des mérites.
Pour l’orthodoxie, la sainteté est participation à la présence divine et le saint est un pénitent, un pécheur toujours plus conscient d’être le premier des pécheurs et par-là même ouvert à la grâce. La vie de la sainteté est donc celle du repentir qui est la seule porte de la grâce (Isaac le Syrien). Toute la spiritualité orthodoxe passe par la métanoia et toute la technique de la prière est greffée sur la métanoia. Ce mot grec englobe et dépasse la notion courante du repentir, parce qu’il désigne surtout le retournement de l’esprit comme moyen conscient de l’existence personnelle. L’homme avait construit le monde autour d’un moi individuel ou collectif, la projection de l’amour de Dieu sur son ego, sur son moi. Avec la métanoia, l’homme met l’absolu au centre de son existence. L’absolu, c’est Dieu et, dès cet instant il découvre sa propre misère, il explore ses abîmes qui sont peuplés de monstres, il implore la grâce qui, oriente vers la foi et l’espérance, non vers le néant. C’est tout ce retournement de l’être dès l’instant où soi, esprit, en grâce de l’absolu, prend conscience objectivement de sa misère. C’est cela la métanoia. A ce moment là l’homme devient réceptacle de la grâce ; alors le cœur durci de l’homme va fondre dans les larmes, ce don qui rappelle l’eau purificatrice du baptême.
Toute expérience spirituelle, dans l’orthodoxie, qui ne passe pas par le don des larmes, est incomplète, parce que, justement, cela veut dire que l’homme n’a pas fait toute la démarche qu’il devait faire pour que son cœur de pierre, ce cœur dur, insensible, devienne un cœur de chair, un cœur sensible à la grâce de Dieu. Dès l’instant où l’homme atteint ce degré de la métanoia, ni le repentir ni les larmes ne cesseront, mais à travers ce repentir et ces larmes viendra la joie. Très souvent nous retrouvons dans les textes orthodoxes le terme de «bienheureuse affliction ».
LA PRIĒRE DE JÉSUS
La prière de Jésus est une phrase : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie Pitié de moi le pécheur ».
Dans la prière de Jésus tout est cristallisé autour de Nom de Jésus qui va résonner sans cesse au fond de l’âme en une communion incessante avec Jésus présent en son Nom dans le cœur de l’homme.Nous avons des moines qui ne font que cette prière-là toute la journée. Le cœur de l’homme récite sans cesse, même dans le sommeil, C’est Jésus que l’on intériorise en soi, c’est pourquoi il va émigrer dans notre cœur, La prière de Jésus est à la fois un appel au secours : « Seigneur Jésus-Christ aie pitié de moi », donc une occasion d’humilité et une invocation du nom de Jésus ce qui lui donne toute son ampleur. Elle résume en quelque sorte la foi chrétienne, puisque le cœur devient le réceptacle du Nom de Jésus et communique l’énergie divine. Dans la théologie orthodoxe, il y a une différence entre « essence » et « énergie ». Dieu, dans son essence, est inaccessible car l’homme ne peut pas dépasser sa condition. L’homme est un être créé, il n’est pas le créateur. L’essence humaine n’est pas l’essence divine. A ce niveau-là Dieu est inaccessible. Mais Dieu se manifeste dans le monde. La manifestation de Dieu dans le monde se définit dans l’orthodoxie comme l’énergie de Dieu et à ce niveau-là Dieu est participable. A ce niveau-là l’homme participe à la manifestation de Dieu dans le monde, d’où la rencontre dynamique basée sur le désir, de part et d’autre, de participation, de communion.
Cela aboutit à la quiétude, à la paix intérieure. Cette invocation est devenue l’oraison-type de l’Orient orthodoxe : « Que le Nom de Jésus soit comme soudé à votre souffle et à votre vie entière… » La prière de Jésus, qui est en fait celle du publicain évangélique, c’est toute la Bible, tout son Message, réduits à leur essentielle simplicité. Confession de la Seigneurie de Jésus, de sa divine filiation à la Trinité… Le commencement et la fin sont ramassés ici dans une seule parole chargée de la « présence-sacrement » du Nom du Christ. C’est pourquoi cette prière doit résonner sans cesse au fond de l’âme. Quand on a acquis cette technique suprême, on n’a plus besoin d’efforts de pensée, le Nom de Jésus jaillit de Lui-même, c’est la prière ininterrompue et cette invocation suivra le rythme de la respiration, elle sera dans le souffle de l’homme même pendant le sommeil. « Je dors mais mon esprit veille » (Cantique 5,2). Il y a certes une technique nécessaire mais là n’est pas l’absolu. Là n’est pas le but en soi. Le but, c’est l’acquisition des dons de l’Esprit par une vie évangélique. La colonne, l’appui avec lequel se fait l’acquisition des dons de l’Esprit, c’est la prière.
A partir de là, la prière sera assumée par chacun et chacune selon ses capacités et selon ses charismes. Ce mode de prière se trouve à la limite entre la prière vocale et la prière mentale, entre la prière méditative et la prière contemplative. Mais si le nom de Jésus devient le foyer d’une vie il ne faut pas aller s’imaginer que l’invocation du Nom soit un moyen court qui dispense des purifications ascétiques et des autres efforts. Le Nom de Jésus est Lui-même un instrument d’ascèse, un filtre au travers duquel ne doivent passer que les pensées, les paroles, les actes compatibles avec la vivante réalité que ce Nom symbolise. C’est à travers cela que toute vie de prière trouve sa justification et marque son but final.