LA VIE DE SAINT SPYRIDON
Viimati muudetud: 24.03.2015
Le berger de Chypre
C’est en l’an 270 que naît Saint SPYRIDON, dans la très belle île grecque nommée Chypre. Ses parents sont bergers et le jeune Spyridon devient lui-même berger des troupeaux de la famille. L’instruction n’était pas chose facile à cette époque, mais Spyridon apprend à lire car son grand désir est de pouvoir lire les Saintes Ecritures. II veut apprendre ce que Dieu attend de l’homme et ce qu’il faut faire pour être sauvé. II avait compris très tôt l’importance de l’âme.
Comme le bétail est abondant, il a sous ses ordres plusieurs autres bergers. Chaque Dimanche, ils vont à la liturgie à tour de rôle et en hiver, lorsque le vent et la pluie les en empêchent, Spyridon, assis avec les autres bergers autour du feu, parle de sujets utiles à l’âme, car il veut que ses amis s’approchent aussi de Dieu et soient sauvés.
Avec l’aide de Dieu, il devient doux, sage et mesuré. II se marie et devient père de deux enfants. Sa femme quitte soudainement ce monde. Alors Spyridon se consacre davantage à servir Dieu et à la demande de tous il devient prêtre, en s’efforçant d’acquérir toutes les qualités d’un véritable prêtre de Dieu : désintéressé, sage, paisible et hospitalier, doux, indulgent, bon père de famille et sans rancune comme le démontre l’histoire qui suit.
Un soir, des voleurs viennent à la bergerie pour dérober des moutons ; mais aussitôt entrés, une force invisible les cloue sur place jusqu’au matin où Saint Spyridon les trouve ainsi. Il prie Dieu de les libérer et aussitôt les voleurs peuvent à nouveau bouger. Il choisit alors un mouton et le leur offre en disant : « Vous devez être épuisés , prenez ce mouton pour vous restaurer et avec la grâce de Dieu allez et ne volez plus ».
Par la suite il reçoit de Dieu les dons de miracle, de guérison et d’exorcisme. Un grand nombre de ses premiers miracles ont été sauvés par la tradition et sont cités dans son tropaire.
Berger des hommes
Lorsque l’évêché de Trimythonte reste sans évêque, c’est Saint SPYRIDON, qui, à la demande de tous, occupera cette place. Devenu évêque , il reste simple et humble. Pour fortifier la foi des fidèles, il visite tout son évêché à pied, refusant tout autre moyen de transport. A tous ses enfants qui déplorent cet excès de fatigue, il répond : « Pour un berger qui avait l’habitude de courir derrière son troupeau, la marche est un jeu d’enfant. »
Dieu fait de nombreux miracles par Saint SPYRIDON. Ainsi, losqu’une sécheresse totale s’abat sur l’île de Chypre, la population est décimée ; hommes et bêtes meurent, rien ne peut arrêter ce fléau. Saint SPYRIDON, saisi de compassion, adresse une prière ardente à Dieu, le suppliant d’arrêter la sécheresse. De gros nuages noirs viennent alors couvrir le ciel, et pour que tous comprennent qu’il s’agissait d’un miracle de Dieu ces nuages restaient suspendus au-dessus de la foule assemblée autour du Saint, sans qu’une seule goutte d’eau ne tombe. Saint SPYRIDON intensifie sa prière, versant des larmes ardentes et aussitôt une pluie bienfaisante arrose toute l’île.
En exil
A l’époque de Maximilien Galère, de grandes persécutions se soulèvent contre les chrétiens on ferme les églises, on tue et on exile les prêtres. Saint SPYRIDON est exilé en Cilicie, condamné aux travaux forcés et marqué au fer, comme tous les autres prisonniers. Ces conditions d’exil durent huit ans, jusqu’à l’avènement de l’empereur Constantin le Grand. Alors, il est libéré, avec tous les autres.
Le peuple en joie l’accueille à son retour dans l’île et ce jour est marqué par un nouveau miracle : les veilleuses de l’église, restées longtemps vides, s’emplissent d’huile et s’allument miraculeusement.
La cruauté du riche
Une autre année, le mauvais temps s’abat sur l’île. Toutes les récoltes sont détruites et les pauvres n’ont plus rien à manger, tandis que les gens aisés de l’île, qui ont des réserves dans leurs celliers, vivent dans l’abondance.
L’un de ces pauvres, père de famille, n’en pouvant plus de voir ses enfants affamés, va supplier à genoux un riche de la ville de lui prêter un peu de blé. Le riche ne le regarde même pas, et dans sa grande douleur, ce pauvre père va chercher un peu de consolation auprès de Saint SPYRIDON. Celui-ci ayant écouté son récit, lui dit : « Ne t’inquiète pas, demain tu auras tout ce dont tu as besoin pour nourrir ta famille et ce riche sera tourné en dérision. « En effet, la nuit-même, un orage terrible éclate et la pluie torrentielle emporte tout sur son passage. Les celliers du riche son inondés et l’eau dans sa fureur entraîne au dehors toutes les provisions. Le lendemain matin les rues sont couvertes de blé et tous ceux qui sont dans le besoin n’ont qu’à se baisser pour ramasser la quantité qui leur est nécessaire pour se nourrir, tandis que le riche ne peut que regarder, impuissant, son trésor s’évanouir devant lui.
Le serpent d’or
Une autre fois, un ami de Saint SPYRIDON se trouvant en grande difficulté et n’ayant pas d’autre solution, va trouver un homme riche pour lui demander un prêt. Mais le riche exige un gage. L’homme n’ayant rien qui puisse servir de gage, va se confier à Saint SPYRIDON. Celui-ci l’écoute attentivement, le réconforte et lui promet de faire tout ce qu’il pourra pour l’aider. Le lendemain en effet, il remet à son ami un très bel objet d’or en forme de serpent, à déposer en gage. Le riche voyant cet objet de valeur, prête sans difficulté à l’homme ce qu’il demande. L’année suivante, cet homme ayant pu réunir la somme empruntée, rembourse le riche et reprend le serpent d’or qu’il rend à Saint SPYRIDON. Celui-ci en prenant le serpent d’or dit à son ami avec un sourire amusé : « Allons maintenant ensemble remettre cet or à Dieu Qui, dans Sa grande miséricorde, nous l’avait prêté. » Ils marchent en silence un bon moment. Arrivés près d’un joli bosquet, le saint dépose l’objet à terre, lève les yeux au ciel et prie ainsi : « Seigneur et Maître, remets-le comme il était afin que Ton Nom soit glorifié et que celui qui m’accompagne voit de quel soin tu nous entoure, nous hommes mortels. »
Alors, l’or perd lentement son éclat et l’objet commence à bouger, en effet, redevenu serpent, il regagne en vitesse sa cachette d’où le Saint l’avait tiré. Encore tout émerveillé, l’ami se jette à terre et remercie, ému jusqu’aux larmes, le Seigneur de lui avoir montré Sa puissance.
Pour sauver un innocent
Un bon chrétien, ami du Saint, est condamné à mort à la suite de fausses accusations. Toujours prompt à secourir les infortunés, le Saint se mit en route pour aller délivrer l’innocent. Mais c’était en plein hiver et le cours d’un torrent tumultueux lui barra le passage. Le Saint alors prie Dieu de Lui venir en aide pour voler eu secours de l’innocent et le torrent, à sa prière, stoppa sa course pour laisser passer le Saint.
II fait un miracle au premier Concile Œcuménique
En 325, le saint empereur Constantin le Grand convoque 318 sages et saints pères de l’Eglise pour combattre l’hérésie d’Arius qui enseignait que le Christ n’est pas Dieu mais une de Ses créatures.
Dans le camp d’Arius, se trouvent Eusèbe de Nicomédie, Théogène de Nicée et Macaire de Chalcédoine et face à eux, des évêques et des prêtres dignes d’un profond respect, dont quelques colonnes de la foi orthodoxe, lumières de l’Eglise. Parmi eux, Saint SPYRIDON, écoute avec attention le discours foudroyant d’Arius ; cet exposé alliait une grande culture philosophique au feu de l’éloquence.
Les pères démontrent avec ardeur les erreurs de l’imagination d’Arius. Mais à ses côtés, il y a un philosophe arien enflé d’orgueil qui lance un défi aux orthodoxes, invitant quelqu’un parmi eux à venir se mesurer à lui dans une discussion sur la Sainte Trinité : son exposé est fulgurant, ses arguments et sa verve rendent toute discussion impossible et ne laissent aucun temps pour répondre.
Saint SPYRIDON comprend que c’est son heure. Alors que tous parlent encore avec fièvre, il s’avance et dit : « Viens philosophe et discutons ensemble ». Les autres Pères le sachant pur et vertueux mais sans grande instruction, essaient de l’en dissuader afin qu’il ne soit pas ridiculisé par le philosophe. Mais le Saint bien déterminé, regarde le philosophe bien en face et lui dit : »Au nom de Jésus Christ, écoute-moi. »
« Parle », lui répond le philosophe. Alors Saint SPYRIDON affirme avec calme et simplicité : « Trois sont les personnes de la Sainte Trinité, le Père, le Fils et le Saint Esprit, un est Dieu. L’intelligence humaine est trop petite pour comprendre l’immensité de la Divinité. »
Veux-tu maintenant voir ce que tu ne peux saisir intellectuellement ? Regarde, dit-il en sortant une tuile de sa poche. Si je te demande combien d’objets je tiens dans la main, tu me répondras : un seul. Et pourtant, voici la preuve que ce que tu crois être un ne l’est pas ». Faisant alors le Signe de croix, il dit : « Au nom du Père » et à ces mots, à la stupéfaction générale une flamme s’élève, de la tuile qu’il tient dans sa main, vers le ciel ; la flamme qui avait cuit la tuile. Le saint, rempli de la Grâce de Dieu, continue humblement : « Et du Fils »… de l’eau s’échappe de la tuile et tombe à terre… « Et du Saint Esprit ». Dans la main du saint, il ne reste plus que la terre. « Trois », dit-il, « étaient les éléments qui composaient cette tuile et pourtant, ils ne faisaient qu’un. Ainsi en est-il de la Sainte Trinité ».
Le fameux philosophe reste un temps sans voix, puis il dit à Saint SPYRIDON : « Je crois et je confesse, saint homme, tout ce que tu as dit ». Et s’adressant à Arius et à ses amis, il les cita à faire de même. Ainsi le Concile se termine dans la joie pour les Pères de l’Eglise, à la grande confusion des Ariens.
La morte répond
De retour à Chypre, Saint SPYRIDON apprend la mort subite de sa fille Irène. Une voisine très embarrassée vient un jour lui dire qu’elle avait confié à Irène un bijou de valeur dont elle a grand besoin. Le saint cherche dans toute la maison sans rien trouver. Alors il se rend au cimetière accompagné de cette femme et de quelques voisins. Là, se penchant sur la tombe de sa fille, il lui demande, comme si elle était encore en vie : « Irène, mon enfant, où as-tu mis ce que cette femme t’a confié ? » et celle-ci lui répondit d’une voix distincte où se trouvait le bijou. Après avoir demandé à sa fille de se rendormir jusqu’au jour de la Résurrection, le saint rentre chez lui et trouve, en effet l’objet à l’endroit que sa fille avait indiqué. Les témoins de ce miracle, stupéfaits, se signèrent en rendant grâce à Dieu pour le don que le saint avait reçu.
Le songe de Constance
A la mort de Constantin le Grand, ses deux fils se partagent l’empire : Constance hérite de la partie orientale de l’empire et manifeste ouvertement de la sympathie pour l’arianisme. De séjour à Antioche, il est atteint d’un mal dont aucun médecin ne peut le délivrer. S’en remettant à Dieu, Constance Le prie chaque jour humblement et avec foi pour sa guérison. Une nuit, il fait un songe. L’ange du Seigneur lui montre une assemblée d’évêques, au sein de laquelle deux hommes semblent particulièrement honorés, et lui dit : « Seuls ces deux évêques peuvent te guérir. » II se réveille stupéfait, avec le souvenir de ces visages, sur lesquelles l’ange n’avait pas mis de nom. Il décide de convier à Antioche tous les évêques de son empire mais il ne découvre parmi eux les deux évêques de son rêve. En s’informant, il apprend que les évêques de l’île de Chypre étaient absents et les fait convoquer.
Saint SPYRIDON accompagné de Trifillios, son ami et disciple, arrive au palais d’Antioche. Là un domestique, voyant la pauvreté de leurs habits, les chasse à coups de bâton les prenant pour des mendiants. Lorsque peu après, ils se font reconnaître, le domestique implore à genoux le pardon… qu’il reçoit aussitôt.
L’empereur reconnaît aussitôt en SPYRIDON l’un des évêques de son rêve, tandis que le visage de Trifillios lui est étranger, (encore très jeune celui-ci ne deviendra évêque que beaucoup plus tard). II se précipite alors aux pieds de Saint SPYRIDON, implorant la bénédiction de celui qui, seul, peut le guérir. En effet, dès que le saint touche la tête de l’empereur, sa maladie disparaît. Le saint l’engage alors de préserver la santé de son âme par la fidélité à l’enseignement orthodoxe et par la bonté envers ses sujets.
L’enfant mort
En sortant du palais le saint, accompagné d’Artémidore, un ami diacre, accepte l’hospitalité d’un notable d’Antioche qui le prie de venir chez lui manger et dormir. Une femme étrangère vient alors l’y trouver. Elle ne parle pas le grec et tient dans ses bras son enfant mort. En pleurant, elle le dépose aux pieds du saint attendant manifestement un miracle. Rempli de compassion, le saint hésite cependant à formuler une telle demande à Dieu. II se confie à Artémidore qui, le voyant indécis lui dit : « Dieu semble écouter ta prière, reçois donc les supplications de cette femme et demande à Dieu de rendre la vie à son enfant. Tu as guéri l’empereur et tu abandonnerais les pauvres ? » Le saint se met alors à genoux, sa prière fervente s’élève vers Dieu du fond du cœur. Les larmes coulent de ses yeux tandis qu’il demande au Seigneur de ressusciter l’enfant pour le bonheur de sa mère. Dieu entendit sa prière et l’enfant reprenant vie se tourne vers sa mère qui pleurait ; celle-ci le voyant revivre perd connaissance et meurt à son tour.
Artémidore alors insiste auprès du saint : « Continue » le supplie-t-il, « l’enfant ne doit pas rester orphelin ! » Le saint s’approche de la femme morte et dit : « Au nom du Seigneur, lève-toi ». Alors elle se met debout, elle remercie Dieu, prend son enfant et s’en va. Saint SPYRIDON demanda alors au diacre et à sa femme de ne rien ébruiter de ces évènements aussi longtemps qu’il serait en vie.
La chèvre volée
De retour à l’île de Chypre, un marchand de bétail vient trouver le saint pour lui acheter quelques chèvres. Après avoir convenu du prix de chaque bête, le saint invite le marchand à aller les chercher dans la bergerie. Celui-ci, voyant que le saint ne le surveille pas, se dit qu’il a devant lui l’occasion rêvée pour s’offrir une petite chèvre de plus pour le même prix… ce qu’il fait. Quelques mètres plus loin, la chèvre volée s’échappe et retourne à la bergerie. Le marchand vient la reprendre, mais la chèvre récidive. La troisième fois, le saint qui avait tout compris lui dit : « Mon enfant, est-ce parce que tu as oublié de la payer qu’elle ne veut pas te suivre ? » Stupéfait le marchand avoue et paie la chèvre supplémentaire qui le suivit alors sans problème.
Le diacre orgueilleux
Un soir, le saint arrive au village d’Erythra. Exténué par une longue marche, mais désirant assister aux vêpres avant de s’accorder du repos, il entre dans l’église du village et prie le diacre d’accélérer un peu le rythme de son chant. Mais le diacre qui était amoureux de sa belle voix n’en finissait pas de s’admirer en s’épanouissant sur un rythme très lent. Le saint, voyant que ce diacre souffrait de vaine gloire, voulut l’en délivrer; alors au moment où le diacre chantait « Seigneur j’ai crié vers Toi » le saint tonna : »Silence! » et le diacre perdit la voix. Le saint termina seul l’office.
Plus tard les villageois, mis au courant, viennent supplier le saint de rendre sa voix au diacre, devenu muet. Par la prière du saint celui-ci retrouve la voix, mais elle est moins belle ; elle risque donc moins de l’entraîner à la vaine gloire et à l’amour de soi et de lui faire oublier son ministère.
La mélodie céleste et l’huile de la veilleuse
Un des miracles cités dans le tropaire du saint est le suivant : Un soir le saint entre à l’église pour célébrer les vêpres. Dans l’église il n’y avait que le diacre qui allumait les veilleuses. Comme le saint avait commencé la célébration, le diacre entend une mélodie d’une multitude de voix qui répond : « Et à ton esprit ». Ce même chœur mélodieux répondait également « Kyrie éléison » aux prières du diacre. Cette mélodie céleste se fit entendre également au dehors, et une foule de gens stupéfaits envahit bientôt l’église, mais dans l’église il n’y avait que le saint et le diacre ; ils comprennent alors que ces voix mélodieuses venaient du ciel et dans une grande émotion ils glorifiaient Dieu.
Un autre soir, également pendant les vêpres, la grande veilleuse qui servait à éclairer l’église se trouve vide et c’est l’obscurité. Mais pas pour longtemps car une force invisible, la force du Seigneur, remplit soudain la veilleuse ; de l’huile en abondance déborde de la veilleuse que les fidèles s’empressent de recueillir précieusement. Un grand nombre de récipients furent ainsi remplis de cette huile sanctifiée.
La fin du saint
Saint Spyridon rendit paisiblement son âme à Dieu le 12 décembre 348, à l’âge de 78 ans. Son saint corps fut une source de miracles et des guérisons pour sa patrie, l’île de Chypre, jusqu’au 7ème siècle. Ensuite, sous la menace de l’invasion arabe, on le transféra à Constantinople. A la prise de la ville par les turcs, son corps précieux fut transporté par un prêtre, du nom de Grégoire Polyeucte, d’abord en Epire et en 1456 à Corfou où il se trouve encore. Jusqu’à aujourd’hui son saint corps reste incorruptible, intact, souple et mobile. II est une source permanente de miracles pour les habitants de l’île de Corfou, qu’il délivre en 1673 d’une épidémie de choléra et en 1716 d’une invasion islamique et qui le vénèrent comme protecteur de leur île. II est également une source de miracles pour tous les chrétiens qui le vénèrent et le prient avec foi.
Traduit des éditions « Vies des Saints » de l’Archimandrite Vassilopoulos