La Confession
Par le Père Alexandre Schmemann
La confession est certainement pour chaque prêtre consciencieux l’un des aspects les plus délicats et les plus difficiles de son ministère pastoral. Il y trouve d’une part le seul véritable objet de son activité pastorale : l’âme de l’homme pécheur, mais qui se tient devant Dieu. Mais d’autre part il acquiert la conviction que le Christianisme d’aujourd’hui est devenu purement nominal. Les concepts les plus élémentaires pour un Chrétien, de péché et de repentir, de réconciliation avec Dieu et de naissance à la vie nouvelle semblent s’être vidés de leur sens. Ces mots continuent d’être employés, mais leur contenu est loin du sens sur lequel est fondée notre foi chrétienne.
Une autre source de difficultés est l’incompréhension pour la majorité des Orthodoxes, de l’essence même du sacrement de pénitence. En pratique, nous trouvons deux approches opposées de ce sacrement : l’une juridique et formelle, l’autre psychologique.
Dans le premier cas, la confession est comprise comme une simple énumération des infractions à la loi, après quoi est donnée l’absolution des péchés et la personne est admise à la communion. La confession est alors réduite au minimum et dans certaines églises (en Amérique) elle est même remplacée par une formule générale que le pénitent lit dans un texte imprimé. Cette optique met l’accent sur le pouvoir du prêtre d’absoudre et remettre les péchés et cette absolution est considérée comme valable « en elle-même » quel que soit l’état de l’âme du pénitent. Si dans cet aspect des choses nous avons affaire à une tendance « latinisante », l’autre approche peut se définir comme « protestante ». La confession devient alors une conversation d’où doit venir une aide, la solution des « problèmes » et des « questions ». C’est un dialogue, mais pas le dialogue de l’homme avec Dieu, non : le dialogue de l’homme avec un conseiller réputé sage et expérimenté, disposant d’une panoplie de réponses toutes prêtes à toutes les questions de l’homme… Dans ces deux approches, on observe à l’évidence un obscurcissement et une déformation de la vraie manière orthodoxe de comprendre la sacrement ode la confession.
Cette déformation a plusieurs raisons. Et sans avoir la possibilité de les énumérer toutes, ni même esquisser brièvement l’histoire très compliquée du développement dans l’Eglise du sacrement de pénitence, quelques remarques préliminaires s’imposent, avant de tenter d’indiquer une solution possible au problème que pose la confession.
-2- A l’origine, le sacrement de pénitence était compris comme la réconciliation et la réunion à l’Eglise des excommuniés, c’est-à-dire des chrétiens exclus de l’assemblée (ecclesia) du Peuple de Dieu, de l’Eucharistie comme sacrement de l’assemblée, comme participation au Corps et au Sang du Christ. L’excommunié, c’est celui qui ne peut pas participer à l’oblation, et qui pour cette raison ne participe pas non plus à la « koinonia », à la communauté, à la communion. Et la réconciliation avec l’Eglise de l’excommunié était un long processus qui se terminait par la rémission des péchés, attestant le repentir, la condamnation du pécheur de son péché, le refus de son péché, par conséquent la réunion à l’Eglise. Le pouvoir d’absoudre et de remette les péchés n’était pas conçu comme un pouvoir en soi, indépendant du repentir. Il était compris comme le pouvoir de témoigner du repentir accompli et par conséquent du pardon et de la réunion à l’Eglise c’est-à-dire du repentir et de son fruit : la réconciliation avec Dieu dans l’Eglise… L’Eglise, en la personne du prêtre, atteste que le pécheur s’est repenti et que Dieu « l’a réconcilié et uni » avec l’Eglise en Jésus-Christ. Et malgré toutes les modifications extérieures dans la pratique du sacrement de pénitence, c’est bien de cette façon originelle de comprendre le sacrement qui reste le point de départ pour l’explication orthodoxe du sacrement.
Mais cela n’exclut pas le fait que, et cela depuis le début, le ministère pastoral dans l’Eglise incluait obligatoirement le SOUCI DES AMES, c’est-à-dire la direction de la vie spirituelle des hommes et l’aide dans la lutte contre le péché et le mal. Mais au début, pourtant, ce souci des âmes n’avait pas de rapport direct avec le sacrement de pénitence. Et ce n’est que sous l’influence du monachisme dont la théorie et la pratique de la guidance spirituelle était fortement développée que le souci des âmes s’est inséré progressivement dans la confession. Et la sécularisation toujours croissante, la laïcisation de la société ecclésiale ont fait de la confession pratiquement la seule forme de guidance spirituelle. Après la conversion de l’empereur Constantin, l’Eglise a cessé d’être une minorité de fidèles héroïques et s’est presque entièrement fondue dans le monde (d’où le « laïc » en grec « laïkos » qui est l’homme vivant dans le monde le peuple (laos). Cette Eglise s’est trouvée confrontée à une masse de chrétiens de nom et le changement radical dans la pratique eucharistique de la communion générale comme manifestation de l’unité du peuple de Dieu à la communion plus ou moins fréquente et « privée » a entraîné la métamorphose de la façon de comprendre la pénitence. De sacrement de réconciliation des excommuniés de l’Eglise, elle est devenue le sacrement régulier des membres de l’Eglise. Et les théologiens se sont mis à souligner non plus l’aspect pénitentiel comme voie du retour à l’Eglise, mais la rémission des péchés comme pouvoir de l’Eglise…
Mais l’évolution du sacrement de pénitence ne s’est pas arrêtée là. La laïcisation de la société chrétienne signifiait avant tout qu’elle adoptait des façons de voir humanistes et pragmatiques qui ont considérablement obscurci la façon chrétienne de comprendre le péché et le repentir. La compréhension du péché comme rupture avec Dieu et avec la seule vie véritable – avec Lui et en Lui – a été obscurcie par un légalisme moraliste et ritualiste dans lequel le péché a été ressenti comme une infraction formelle à la loi. Mais dans une société auto-satisfaite et qui idolâtre l’homme, avec son étiquette de « convenances » et de « succès », même cette loi s’est peu à peu transformée. Elle a cessé d’être la norme absolue et s’est réduite à un code généralement admis et relatif de règles morales.
Si dans les premiers siècles le chrétien avait toujours conscience d’être un pécheur pardonné et conduit, sans aucun mérite de sa part, dans le Palais de l’Epoux, ayant reçu une vie nouvelle et devenu participant du Royaume de Dieu, le chrétien actuel, puisqu’aux yeux de la société il était « une personne honorable », a perdu peu à peu cette conscience.
Sa vision des choses exclut les notions mêmes de vie ANCIENNE et de vie NOUVELLE. Bien sur, il fait de temps à autre des « mauvaises actions » mais c’est « naturel » dans la vie, et cela n’entame en rien son autosatisfaction… La société dans laquelle nous vivons, la presse, la radio, etc, nous dit à longueur de journée que nous sommes intelligents, beaux, gentils et que nous vivons dans la meilleure des sociétés possibles et les « chrétiens », hélas, prennent cela au sérieux, prennent cela pour argent comptant…
La laïcisation a fini par gagner aussi le clergé. On a fini par comprendre le prêtre comme une sorte de serviteur de ses paroissiens, au service de leurs besoins spirituels. Et la paroisse tout entière, comme organisation, veut que le prêtre soit le miroir dans lequel les gens peuvent contempler leur propre perfection. Est-ce que le prêtre ne doit pas tout le temps remercier quelqu’un et faire l’éloge des efforts, du soutien matériel et de la générosité ? Les péchés sont cachés dans le « secret de la confession » rigoureux et intime, tandis qu’à la surface tout va très bien. Et voilà cet esprit d’autosatisfaction, d’apaisement moral, qui pénètre notre vie ecclésiale de part en part. Le succès de l’Eglise se mesure à son succès matériel, à sa fréquentation, à la quantité d’organisations paroissiales et para-ecclésiales. Mais dans tout cela, où y a-t-il place pour la repentance ? Elle aussi est presque absente de l’organisation même de la prédication et de l’activité de l’Eglise. Le prêtre appelle ses paroissiens à plus d’ardeur, à des « succès » de plus en plus grands, à l’observation des règles et des coutumes, mais lui-même ne perçoit déjà plus le monde « comme » la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la richesse (1Jn 2, 16) ; mais il ne croit pas lui-même que l’Eglise est vraiment le salut pour les brebis perdues, et non une institution religieuse pour la satisfaction modérée des « besoins spirituels » modérés des « membres actifs de la paroisse »… Dans pareilles conditions spirituelles, dans une situation aussi pseudo-chrétienne, la confession ne peut naturellement être rien d’autre que ce qu’elle est devenue : ou bien l’un des devoirs religieux » qu’il faut accomplir x fois dans l’année pour être en règle avec une norme canonique abstraite, ou bien un entretien avec le prêtre, pour « discuter » de telle ou telle « difficulté » (difficulté, justement, et non péché, parce qu’une difficulté conscientisée comme un péché cesse par là-même d’être une difficulté…), qui reste d’habitude entière parce que sa seule solution serait justement d’accepter la doctrine chrétienne du péché et du pardon.
-3- Est-il possible de rétablir la compréhension et la pratique orthodoxe de la confession ? Oui, si nous avons le courage de commencer à la rétablir en profondeur et non en surface.
Et ici le point de départ, comme dans toute vie ecclésiale, doit être la prédication, l’enseignement. D’un certain point de vue, toute la doctrine de l’Eglise est un seul appel à la repentance au sens le plus profond de ce mot : c’est-à-dire une nouvelle naissance, à une réévaluation de toutes les valeurs, à une nouvelle vision et à une nouvelle compréhension de toute la vie à la lumière du Christ. Et il n’est pas nécessaire de prêcher tout le temps sur le péché, de juger et de condamner, car c’est seulement quand l’homme entend l’appel authentique et le contenu de la Bonne Nouvelle, quand commence à s’ouvrir, la profondeur divine, la sagesse et la portée totale de cette Nouvelle, ce n’est qu’alors que l’homme devient capable de repentir. Le véritable repentir chrétien, c’est avant tout de ressentir l’abîme qui le sépare de Dieu et de tout ce que Dieu a donné et révélé à l’homme, de la vie véritable. Ce n’est qu’en voyant le Palais de Dieu, tout orné, que l’homme comprend qu’il n’a pas la robe nuptiale pour y entrer… Notre prédication est trop souvent comme un impératif abstrait : il faut faire ceci, il ne faut pas faire cela ; mais une énumération de prescriptions et d’ordres n’est pas une prédication. La prédication est toujours une découverte, au début du sens positif et de la lumière de l’enseignement du Christ et uniquement par rapport à Lui des ténèbres et du mal du péché. Seul le sens rend la prescription, la règle, le commandement convaincant et vivifiant. Mais la prédication doit inclure évidemment, une critique en profondeur du sécularisme dans lequel nous vivons, des idées dont, inconsciemment, nous nous imprégnons et nous vivons. Les Chrétiens sont appelés à lutter continuellement contre des idoles qui sont si nombreuses aujourd’hui « matérialisme », « chance », « succès », etc. Car encore une fois, ce n’est qu’en replaçant le monde à sa juste place, profondément, chrétiennement, le monde, la vie et la culture, que le concept de péché prend son vrai sens comme avant tout une déviation de tout le courant de la conscience, de l’amour, des intérêts, des aspirations… Comme culte des valeurs qui ne sont pas des vraies valeurs… Mais cela présuppose- que le prêtre soit lui-même libéré de l’asservissement à « ce monde » et de l’identification à lui, cela suppose qu’il mette la vérité éternelle et non des « considérations pratiques » au cœur même de son service pastoral… La prédication et l’enseignement doivent être porteurs d’un principe prophétique, d’un appel à tout considérer et tout apprécier par les yeux du Sauveur Lui-même.
Ensuite, la confession doit être replacée dans le cadre du mystère de la pénitence (metanoïa) ; chaque sacrement comprend au moins trois moments constitutifs : la préparation, le rite lui-même, et enfin son « accomplissement ». Et bien que, comme on l’a dit plus haut, toute la vie et toute la prédication de l’Eglise soient en un certain sens une préparation à la repentance, un appel au repentir, l’exigence et la tradition d’une préparation toute spéciale des pénitents au sacrement n’en demeure pas moins.
Il existe depuis toujours dans l’Eglise des temps pénitentiels : les carêmes. Ce sont des périodes où la liturgie elle-même devient en quelque sorte l’école du repentir, la préparation de l’âme à la fois à voir la beauté céleste du Royaume et à s’attrister sur la distance qui nous sépare du Royaume.
Tous les offices du Grand Carême par exemple, sont tout entiers un soupir de repentance et cette radieuse tristesse dont ils brillent et nous communiquent l’image, est presque intraduisible en paroles mais pourtant si évidente et si effective, de ce qu’est et ce qu’accomplit dans notre âme le repentir véritable…
C’est pourquoi le carême est un temps où il importe de faire porter la prédication sur le sacrement de pénitence. L’ordo des lectures, des psaumes, des hymnes, des prières et des inclinations tout cela donne infiniment et toute cette prédication doit « coller » à la vie, aux gens, à ce qui s’accomplit dans leur vie en ce jour, à cette heure. Le but est de les éveiller à une véritable atmosphère de repentance, de les obliger à se concentrer non sur un péché particulier, mais sur l’état de péché, de limitation, de pauvreté spirituelle de toute leur vie, d’inventer pour cette vie des « moteurs » intérieurs… En quoi réside leur trésor ? Vers quoi leur cœur tend-il ? Comment considèrent-ils et quel usage font-ils du temps précieux de la vie que Dieu leur a donnée ? Pensent-ils à la fin vers laquelle ils s’acheminent irrévocablement ? Celui qui ne serait-ce qu’une fois dans sa vie a réfléchi à toutes ces questions et qui a compris, ne serait-ce qu’à la limite de sa conscience, que toute la vie ne peut être donnée qu’à Dieu, celui-là est déjà sur le chemin du repentir qui est déjà en soi porteur d’une force de renouveau, de conversion, de retour… Dans cette préparation, il faut inclure une explication du rite de la confession, des prières, de l’absolution, etc…
Le rite de la confession comprend : 1) les prières avant la confession, 2) l’appel à la repentance, 3) l’aveu des fautes du pénitent et le mandement à celui-ci et 4) l’absolution.
II ne faut pas omettre les prières avant la confession. La confession n’est ni une conversation d’homme à homme ni une auto-analyse rationnelle. L’homme peut dire . « J’ai péché », sans éprouver le moindre repentir. Et si tous les sacrements comportent une sorte de changement, dans le sacrement de pénitence s’accomplit la transformation d’un « aveu des fautes » formel et humain en un repentir chrétien, où le pénitent, par la grâce, comprend le péché dans sa vie et aussi l’amour total de Dieu pour l’homme, un amour qui englobe tout. Ce changement ne peut s’ opérer qu’avec l’aide du Saint Esprit et son « épiclèse », l’invocation du Saint Esprit pour qu’Il nous donne cette aide, et cette épiclèse, ce sont les prières avant la confession.
Ensuite, vient l’appel à la repentance. C’est la dernière exhortation. « Voici, mon enfant, le Christ est invisiblement présent… ». Mais au moment décisif où le prêtre affirme la présence du Christ, comme il est important que lui, le prêtre, ne fasse pas obstacle au pécheur ! Dans le sacrement de pénitence, le prêtre n’est pas un « procureur » non plus qu’un témoin sans voix et passif. IL EST L’IMAGE DU CHRIST, c’est-à-dire Celui Qui assume les péchés du monde, qui porte cette miséricorde et cette compassion infinie que seul le cœur de l’homme peut découvrir. Le métropolite Antoine Khrapovitski définissait l’essence même du sacerdoce comme l’amour compatissant. Et la pénitence est le sacrement de réconciliation et d’amour, et non de « jugement » et de condamnation. C’est pourquoi la meilleure forme d’appel à la repentance sera que le prêtre, s’identifie lui-même avec le pénitent : « Nous avons tous péché devant Dieu… ».
La confession elle-même peut bien sur prendre diverses formes. Mais comme le pénitent ne sait souvent pas comment commencer, le prêtre a le devoir de l’aider : c’est pourquoi la forme du dialogue est la plus commode et la plus naturelle. Et bien que tous les péchés se réduisent en fin de compte à un seul : l’absence d’un véritable amour de Dieu, de foi et d’espérance en Lui, on peut partager la confession en trois grandes » régions du péché ».
Notre attitude envers Dieu : les questions sur la foi elle-même, ses faiblesses, les doutes et les altérations, la prière, le jeune, les offices. Trop souvent la confession se réduit à une énumération d’actes immoraux et on oublie que la racine de tous les péchés est justement là : dans le domaine de la foi et de la relation vivante et personnelle à Dieu.
L’attitude envers le prochain : l’égoïsme et l’égocentrisme, l’indifférence envers le gens, l’absence d’amour, d’intérêt, d’attention, la cruauté, l’envie, les racontars… Dans ce domaine tous les péchés doivent être effectivement « individualisés » pour que le pécheur sente et voie dans l’autre, dans celui contre qui il a péché, un frère, et qu’il voie dans son propre péché une atteinte à « l’union dans l’amour » et la fraternité… L’attitude envers soi-même : les péchés et séductions de la chair, contraire à l’idéal chrétien de pureté et d’intégrité, le respect du corps comme temple du Saint Esprit, scellé et sanctifié dans l’onction chrismale. L’absence de désir et d’effort pour « approfondir » sa vie , les divertissements bon marché, la boisson, l’irresponsabilité dans l’accomplissement de son devoir dans la vie les dissensions familiales… Nous ne devons pas oublier que le plus souvent nous avons affaire à des gens qui ne savent pas ce que c’est que s’éprouver soi-même et sa conscience, et dont toute la vie est déterminée par des idées et des habitudes dictées par le conformisme et donc privées de repentir authentique. Le but du confesseur est de détruire cette auto-satisfaction bourgeoise et superficielle, de placer l’homme en face de la sainteté et de la grandeur du dessein de Dieu sur lui, d’éveiller en lui la conscience que toute la vie est une lutte et un combat… Le christianisme est la « voie étroite » et l’acceptation du fardeau, de l’exploit et de la peine de cette voie étroite ; sans comprendre et accepter cela il n’y a aucun espoir de christianiser notre vie ecclésiale…
Le dialogue de la confession s’ achève par un mandement. Le prêtre doit appeler le pénitent à changer sa vie, à refuser le péché. Le Seigneur ne pardonne pas, tant que le pécheur ne veut pas d’une nouvelle vie, d’une vie meilleure, ne décide pas d’entamer la lutte contre le péché et le difficile retour à « l’image de la gloire ineffable » en lui-même.
Nous savons que ce n’est pas possible en évaluent humainement, froidement nos forces avec réalisme. Mais à cet « impossible », le Christ a déjà répondu : « Ce qui est impossible à l’homme, est possible à Dieu.. Ce qui nous est demandé, c’est, Ie désir, l’effort, la décision. » Le Seigneur nous aidera.
C’est alors et alors seulement que la solution est possible car en lui s’accomplit tout ce qui l’a précédé, la préparation, les efforts, la lente croissance du repentir dans l’âme. Je le répète, selon la perspective orthodoxe il n’y a pas d’absolution pas là où il n’y a pas de repentir. Dieu ne reçoit pas l’homme qui n’est pas venu vers Lui. Et « venir à Lui » signifie se repentir, se convertir, porter un autre jugement sur la vie et sur soi-même. Voir dans l’absolution des péchés uniquement un pouvoir du prêtre et efficace quelles que soient les circonstances où les paroles de l’absolution sont prononcées, c’est dévier vers la magie sacramentelle, condamnée par tout l’esprit et la tradition de l’Eglise orthodoxe. C’est pourquoi l’absolution des péchés est impossible si l’homme, premièrement, n’est pas orthodoxe, c’est-à-dire s’il nie ouvertement et consciemment les dogmes essentiels de l’Eglise et s’il persiste à vouloir demeurer dans son état évident de péché : par exemple la vie dans l’adultère, un métier déshonnête, etc… et si enfin il dissimule ses péchés ou s’il ne voit pas qu’il est dans le péché.