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MESSAGE POUR LE JOUR DE LA NATIVITE 2018

 « Christ est né, glorifions-Le ». Une grande joie nous est annoncée. La grande joie, l’unique joie de notre Dieu qui nous donne son Fils bien-aimé.

Dieu a emprunté notre nature humaine afin de nous offrir beaucoup plus en échange. Il se revêt de notre fragilité pour faire de nous des participants à sa divinité. En devenant homme, Il prend sur Lui notre nature pécheresse, Lui qui est sans péché, non pas pour nous imposer une morale nouvelle mais pour que nous obtenions sa sainteté, pour que notre nature humaine soit divinisée. Il s’abaisse jusqu’à nous pour que nous nous  élevions jusqu’au plus haut des cieux. Il se dépouille de tout pour que nous soyons comblés en tout.

Petit Enfant couché dans la plus que modeste crèche de Bethléem, Il se fait pauvre parmi les plus pauvres pour nous guérir de notre propre pauvreté, de nos propres passions, de tout ce qui est corrompu en nous. Telle est la dimension de l’amour de Dieu. Elle est la preuve même et le signe de Son désir profond et inestimable de rendre l’impossible possible pour nous mettre sur la voie qui nous unit à Lui.

Joie toute nouvelle,  « mystère étrange et surprenant », proclame notre Eglise dans ses hymnes. Un mystère contenu dans notre humanité même : le Fils du Père, le Christ Jésus, est uni à nous. Il vit en nous pour toujours et nous en Lui. Il vient vivre en homme pour nous apprendre à vivre dans le Père en enfants nouveau-nés. Le Fils de Dieu s’est épris de notre humanité d’un amour fou. Il jaillit, en cette nuit de sa nativité, dans notre humanité dégénérée, défigurée, qui ne sait pas ou qui ne veut pas aimer. Mais Lui, Il accueille notre humanité et sa détresse qui l’habite telle qu’est elle. Il se donne à elle totalement depuis la mangeoire de la crèche jusqu’à la Croix, de la Croix jusqu’au Tombeau, du Tombeau jusqu’à la Résurrection, de la Résurrection jusqu’à cette Eucharistie à laquelle nous sommes maintenant conviés. Une Eucharistie que nous les chrétiens orthodoxes n’avons jamais cessé de célébrer pour la vie du monde. Hier, aujourd’hui et  jusqu’à la fin des temps.

Jésus, le Dieu fait homme, se fait d’abord connaître aux bergers de Bethléem comme à nous par son humilité, par sa faiblesse et non pas par sa toute-puissance divine. Petit enfant enveloppé de langes il est à la merci de ceux qui l’entourent. Il ne possède aucune défense. Il dépend de tous. Tel Il veut que nous soyons nous aussi en nous dépouillant de nos défauts d’adultes, en devenant semblables à ce petit enfant de l’évangile pour lequel Il a dit: « Celui qui est le plus petit parmi vous, c’est celui-là qui est le plus grand »  (Luc 9,48).

Car aux yeux du Christ, l’ascension de l’âme vers Dieu est aussi une descente, un abaissement. Dans l’Eglise de l’enfant de Bethléem il existe une invisible hiérarchie d’humilité. Je veux vous dire par là que,  si nous prenons la décision d’aller à Sa rencontre, alors sachons que nos attitudes, nos motifs, notre manière d’être ne pourront plus être les mêmes, qu’il faudra qu’intervienne en nous un changement radical.

C’est précisément cet élan de changer  qui nous manque la plupart du temps. Est-ce par paresse, par manque de foi, par manque  d’amour ? Ou n’est-ce pas plutôt parce que nous avons tendance à traîner dans nos malheurs, à nous arrêter sur ce qui nous accable, à nous complaire dans nos replis sur nous-mêmes au lieu de nous empresser d’accueillir cette grande joie qui nous est annoncée ?

Chers Frères et Sœurs dans le Seigneur né de la Vierge Marie,

Depuis la nuit de Bethléem, c’est toujours à nous tous, orphelins du monde à cause de la misère de notre chair, que le divin Enfant nous est donné pour que nous devenions enfin les enfants du Père, pour que nous vivions en Lui et par Lui. Il nous incombe en retour, à nous Ses baptisés, de rayonner la joie d’être sauvés. Sinon, comment les autres pourront-ils reconnaître que Jésus est le vrai Sauveur qui leur donne la joie ?

Telle est notre espérance : la certitude que, grâce à cet abaissement incompréhensible de notre Dieu en ce jour de Sa nativité, tout peut être sauvé.

Au moment où nous nous apprêtons à accueillir l’année nouvelle 2019, je tiens à vous envoyer ma bénédiction la plus paternelle, la plus affectueuse pour chacune et chacun d’entre vous, pour vos familles et pour tous ceux qui vous sont chers. A redire l’assurance de mes prières pour ceux qui vivent, travaillent, peinent et souffrent ; plus particulièrement pour tous ceux qui sont dans la tristesse, dans le dénuement et le désespoir et même dans toute honte. A vous exprimer enfin mes vœux très chaleureux pour que nous puissions tous ensemble vivre ici, en cette terre bénie de notre Estonie, dans la paix, la concorde et toute prospérité. Amen !

+STEPHANOS, Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie