MESSAGE PASCAL DE L’AN DE GRACES 2017
« Fêtons la mise à mort de la mort,
la destruction de l’enfer,
l’ inauguration de la vie immortelle… »
Frères bien-aimés, vos Excellences les Evêques de Tartu Elias, de Pärnu et Saare Alexandre et de Hristoupolis Macaire,
Clergé très considéré, Prêtres et Diacres,
Fidèles dans le Seigneur de notre Sainte Eglise, particulièrement chers à notre cœur,
CHRIST EST RESSUSCITE !
« Christ est ressuscité, et les anges sont dans la joie. Christ est ressuscité, et la vie triomphe. Ô Mort où est ton aiguillon ; Enfer où est ta victoire ? », s’écrie Saint Jean Chrysostome dans son homélie pascale, que nous avons lue à la fin des matines de cette nuit, si lumineuse et sainte.
« Mort, où est ta victoire » ?… Certes la mort est toujours là, dans nos vies terrestres et pourtant, en ce jour de la Résurrection, elle a été supprimée. La croix aussi est là et pourtant, Pâques est venu. Toutes les questions que pose notre existence déchue restent là, et pourtant, « si notre cœur déchu à cause du péché, nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur car il sait tout ». Tout se résume pour tout dire dans cette affirmation prodigieuse de Saint Grégoire le Théologien : « Nous avions besoin pour revivre d’un Dieu incarné et mis à mort ». Notre seule réponse de chrétiens au long procès intenté à Dieu par l’athéisme moderne, affirme un grand théologien orthodoxe, « c’est ce Dieu, mystérieusement… impuissant (sur la croix) devant la liberté de l’homme… qui descend volontairement dans la mort pour que même la mort puisse s’ouvrir sur la lumière* ». Oui, Dieu est mort pour que l’homme soit divinisé en Christ ressuscité ; pour qu’il soit, une fois pour toutes, totalement vivant.
Pour cette raison Pâques, c’est la conclusion de l’histoire du monde qui passe, qui est passé et à qui Dieu confère, par la Résurrection de Jésus-Christ, une réalité nouvelle et éternelle, un présent et un avenir également nouveaux et éternels. Le Christ ressuscité, lui, « le premier-né d’entre les morts », est bien « le fil entre la ruine, causée par la chute du premier Adam et le renouveau de la nouvelle vie qui nous est donnée à Pâques et qui fait que, même dans la mort et en enfer, ce même fil ne se rompt pas ». A Pâques, dit notre liturgie, tout est désormais baigné de lumière : le ciel, la terre et même l’enfer…!
Cela signifie que, par la mort sur la croix de Jésus-Christ, lequel a expié pour nous la faute de la chute originelle d’Adam, l’homme renaît de Dieu nouveau et éternel en recevant le sacrement du baptême. Tant il est vrai que par notre saint baptême, qui est « cette racine de notre résurrection » selon les Pères, nous devenons une seule plante, un seul être avec le Ressuscité, consanguins et incorporés à son corps de gloire. Voilà pourquoi, chaque être sur cette terre peut, par-delà la mort, entrer dans une vie nouvelle et immortelle, la vie éternelle de la résurrection.
« Hier, avec toi, ô Christ, chantons-nous à matines, j’étais enseveli ; avec toi je me réveille aujourd’hui, prenant part à ta Résurrection »… La vraie vie de Pâques vient vers nous dans la mesure où nous allons vers le Christ. « Je suis la Résurrection et la Vie », dit Jésus (Jn 11,25). A cause de Pâques, affirme saint Syméon le Nouveau Théologien, « je sais que je ne mourrai pas, puisque je suis au-dedans de la vie et que j’ai la vie toute entière qui jaillit en-dedans de moi ».
Aussi, mes bien-aimés, « rayonnons de joie, embrassons-nous les uns les autres ; appelons frères même ceux qui nous haïssent ; pardonnons tout à cause de la Résurrection », puisque Jésus ressuscité inaugure une ère nouvelle pour toute l’humanité, qui rend capables nos âmes, parfois malgré elles, de vraie bonté, de vrai amour, de vrai et pure tendresse, de pure vie.
En ce saint et grand Dimanche de Pâques, dans le Christ, Dieu achève de se révéler aux hommes. A nous maintenant, dans l’Esprit Saint, de nous révéler à Dieu.
CHRIST EST RESSUSCITE !
Tallinn, le 16 avril 2017.
+STEPHANOS, Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie,
Président du Saint Synode.