« …être chrétien dans ce monde… » Bordeaux, 1-3 mai 2015
Congrès de la Fraternité Orthodoxe en Europe Occidentale
« …être chrétien dans ce monde… » Bordeaux, 1-3 mai 2015
Les temps que nous traversons sont communément reconnus comme des temps imprévisibles, incertains et difficiles. Notre époque ne cesse de subir des mutations permanentes et évolue sous la pression de développements intenses qui la paralysent, la plongent dans l’angoisse et lui engendrent de nombreuses peurs.
Ici même, en Europe Occidentale des millions de femmes et d’hommes ont le sentiment d’être chaque jour un peu plus enfermés dans un système de vie marqué par une mondialisation et une globalisation, qui les asphyxie et les utilise comme des numéros impersonnels au lieu de leur offrir un espace de vraie liberté d’action et de décision, respectueux de leur personnalité humaine.
Les Orthodoxes d’Europe sont surtout pris entre deux feux: d’un côté la généralisation du modèle d’une société sécularisée qui promeut l’émergence de nouvelles sagesses et spiritualités par de nombreux philosophes et sociologues contemporains en Occident et de l’autre le fondamentalisme et le fanatisme actuel du Moyen-Orient et de l’Afrique ( Métropolite Morfou Neophytos : « La vie du fidèle dans les temps que nous traversons », en grec in Romfea.gr du 2 décembre 2014).
Dans ces conditions on serait en droit de se poser cette question : est-ce la disparition annoncée du christianisme, avec d’une part en Occident l’avènement de la sécularisation au sein de laquelle Dieu cesse d’être le principe fondateur de l’existence dans la conscience collective de nos sociétés actuelles et d’autre part, la résurgence, au Moyen-Orient et pas seulement, des idéologies totalitaires actuelles, qui font de la religion un outil de guerre, sur fond d’exterminations et de génocides ? Mais encore : et si, pour revenir à la pensée d’Olivier Clément, cette sécularisation, ce retour aussi au fondamentalisme radical, qui semblent l’une et l’autre inéluctables, étaient au contraire «une chance pour le christianisme afin de l’aider à dépasser ses deux dérives traditionnelles que sont le repli dans une spiritualité hostile au monde et la dissolution dans un humanisme étranger au ciel ? »( in SOP n° 250 : Paris, juillet-août 2000).
La tâche sacrée qui se trouve aujourd’hui face à l’Orthodoxie et plus particulièrement à celle de sa jeunesse, laquelle se détache souvent du libéralisme des générations passées, est de redécouvrir la victoire pascale dans la vie quotidienne de l’Eglise. La foi commune et le culte des Apôtres et des Pères demeurent essentiellement inchangés dans nos livres liturgiques et canoniques, mais en pratique, dans l’esprit du clergé et des fidèles, règne une grande confusion, due sans aucun doute à un manque de compréhension spirituelle de la nature même de l’œuvre du Christ dans l’Eglise.
C’est ainsi que de nombreuses gens qui prétendent être orthodoxes et qui veulent sincèrement l’être, conçoivent la vie de l’Eglise conformément à des
vagues sentiments personnels et non à l’esprit des Apôtres et des Pères de l’Eglise. Ce qui manque, c’est une acceptation vivante de ce que présuppose la vie sacramentelle de l’Eglise. (R.P. Jean Romanidès : « La Vie dans le Christ » in Revue Synaxe n°21 (p.26-28) et n°22 (p.23-26)- Nice/France).
L’Eglise est avant toutes choses un corps de communion et de liberté et non de contraintes juridiques. « L’entière structure de l’Eglise Orthodoxe, conciliaire et hiérarchique, repose sur le fondement de la doctrine de la Sainte Trinité, et non pas sur un concept mondain d’autorité et de pouvoir » (Patriarche Bartholomée in « A la Rencontre du Mystère» – Ed .du Cerf – Paris 2011, p.45). Notre identité première, fondamentale, unique, est que nous sommes du Christ, exclusivement de ce Christ mort sur la Croix et ressuscité le troisième jour pour notre salut et le salut du monde.
L’Eglise, telle que le Christ l’a voulue ne constitue pas un organisme purement historique qui pourrait se transformer et s’adapter aux différents courants idéologiques du moment ; une telle adaptation l’introduirait justement dans la sécularisation. L’Eglise n’est pas non plus un simple abri pour existences individuelles en mal d’attente de satisfaire d’abord leurs besoins individuels. L’Eglise existe comme relation et communion. En vérité, c’est la relation du monde avec Dieu – en Christ – qui est appelée Eglise. Et ce « en Christ », lieu de la rencontre du monde avec Dieu, nous indique que le caractère de l’Eglise est profondément divino-humain. La chute constitue déjà une aversion de l’homme envers Dieu et un enfermement dans le monde et dans la création, qui les sépare de Dieu. La chute ramène l’homme et le monde à une autosuffisance, à un enfermement dans son propre ego, autrement dit à l’égocentrisme. C’est là l’œuvre du Diable qui, bien que créé par Dieu, est non seulement capable d’exister mais aussi d’aspirer à la destruction des œuvres de Dieu en essayant d’attirer la création vers le néant. L’essence même du pouvoir diabolique sur la création (Rom 8,19-22) c’est la mort, laquelle n’est rien d’autre qu’un « retour vers le néant », ainsi que le précise Saint Athanase le Grand (in « De incarnationi Verbi, 4-5 »).Voilà pourquoi nous pouvons affirmer que la source de l’individualisme, c’est bien la mort, puissance de désunion.
La victoire du Christ sur le Diable a détruit ce pouvoir de la mort qui séparait l’homme de Dieu et du prochain (Eph 2,13-22). Notre participation à la victoire de la Croix n’est donc pas seulement un espoir pour l’avenir mais une réalité présente (Eph 2,13-22). Elle est accordée à ceux qui sont baptisés (Rom 6,3-4) et greffés au Corps du Christ (Jn 15,1-8). Le Christ est venu pour détruire la puissance de la désunion, en unissant ceux qui croient en Lui, à l’intérieur de son propre Corps. Le signe extérieur de l’Eglise est l’unité dans l’amour (Jn 17,21) alors que le centre et la source de cette unité est l’Eucharistie : « puisqu’il y a un seul Pain, nous qui sommes plusieurs, formons un seul corps, parce que nous participons tous à un seul Pain (1,Cor 6,19-20) » (RP J.Romanidès, loc.cit). Chaque fois donc que les membres d’une Communauté paroissiale sont en état d’échanger sincèrement le baiser de paix au cours de la célébration eucharistique afin de pouvoir communier ensemble au Corps et au Sang du Christ, chaque fois le Diable est défait.
Lorsque nous lisons dans les Actes des Apôtres (2,46) que le Seigneur augmentait chaque jour un peu plus « épi to afto », c’est-à-dire à l’Eucharistie, le nombre des sauvés, il faut comprendre que le salut n’implique pas seulement la personne mais aussi toute la Communauté. Le salut par la Croix s’inscrit dans une dimension universelle, qui englobe à la fois l’Homme et la vie du monde, la glorification de la matière et l’illumination de l’Histoire. Il suffit de regarder une icône orthodoxe : l’univers entier y est représenté ; non pas seulement les êtres, mais aussi le ciel et la terre, les animaux, la mer, les rivières, les montagnes, les rochers, les arbres et même les maisons pour nous enseigner que c’est toute la création qui est appelée à la sanctification avec tout ce qu’elle contient. Dans le sacrement de l’Eucharistie, l’homme trouve une alternative à toutes les formes d’individualisme ; « il revit chaque fois l’union avec le Christ ressuscité, source d’une existence nouvelle. Dans cette unité réelle et non imaginaire, l’homme reçoit la faculté non seulement de vivre en conformité avec les valeurs chrétiennes mais aussi d’être leur porteur et donc de témoigner activement du Christ au monde qui l’entoure » (Métropolite Hilarion de Volokolamsk : « Etre de ce monde sans être dans le monde », in SOP n°363, décembre 2011, p.30).
Dans le sacrement de l’Eucharistie, le monde est conçu de même comme un champ d’action et de combat de personnes vivantes : un Dieu vivant et personnel est à l’origine de la création toute entière, qu’Il a confiée à l’homme pour qu’il la garde et la cultive (Genèse 2,15). Ne nous y trompons pas, c’est d’abord Dieu qui se révèle en nous et c’est toujours ce même Dieu, qui, par la mort et la résurrection de son Fils unique, nous a tous enfermés dans sa miséricorde (Rom. 12,32) .
Toutefois, soyons réalistes: en réduisant l’humanité à l’égocentrisme et à l’égoïsme, la mort aveugle l’homme devant la vérité. Et la vérité est rejetée par beaucoup car elle est trop difficile à accepter. L’homme préfère toujours recevoir pour vérité ce qui satisfait ses désirs personnels. Il recherche plutôt la sécurité et le bonheur que la souffrance de l’amour qui se donne (Philip. 1,27)-29). « Il se contente, précise le père Jean Romanidès, d’une religion sentimentale de sécurité dans des préceptes moraux et des règles simples qui engendrent des sentiments de confort, mais ne requièrent aucun effort de reniement de son moi dans la mort avec le Christ pour les éléments du monde » (Col. 2,20), alors qu’au contraire la foi, qui nous a été transmise par les apôtres et les pères, n’est nullement une foi faite de sentiments de piété ou de réconfort.
Vivre en Christ et pour le Christ ne consiste pas en vagues abstractions sur la nécessité de servir des idéologies ou des causes humaines. Partager l’amour selon l’image que nous donne le Christ, cela consiste à être crucifié pour le monde. Certes, il est facile de parler d’amour et de bonté, mais il est bien difficile d’entrer en relations intimes et sincères avec des gens d’origines diverses. L’unique réalité qui vaille la peine d’être vécue ici-bas, c’est la « communion des saints », seule capable de changer le monde puisque toute civilisation et toute société sont appelées à être transfigurées par l’action et la grâce de l’Esprit Saint. «C’est bien cela que la mort et la résurrection du Christ ont établi: une communauté de saints qui ne pensent pas à eux-mêmes ni à leurs opinions propres mais qui expriment continuellement leur amour pour le Christ et les autres
hommes, en cherchant à s’humilier comme le Christ s’est humilié. Ce qui n’était pas possible sous la loi de la mort, l’est devenu par l’unité dans l’Esprit de Vie. » (Jean Romanidès, loc.cit.) .
Dans cet espace sacramentel qu’est la liturgie eucharistique, l’homme fait l’expérience de l’invisible et de l’incréé, tout en assumant le monde visible. Il ne suffit pas de restaurer les murs de nos lieux de culte et de nos propriétés ecclésiastiques, encore faut-il rebâtir nos Communautés paroissiales elles- mêmes, afin qu’elles se transforment en un lieu d’éveil et de création authentique. Il y a dans ce domaine un défi énorme à relever, notamment en redécouvrant le potentiel éducatif de la liturgie, même si cela doit passer par une refonte des formes existantes dans tous les domaines des activités de la paroisse, afin d’aider les fidèles à mieux vivre leur appartenance à l’Eglise.
Pour l’Eglise, l’être humain est, d’abord un mystère ; un mystère qui s’inscrit et se circonscrit dans un visage qui ne peut vivre avec les autres que dans la communion et l’amour. Une telle vision doit nécessairement être prise en compte dans toute dimension pastorale pour exclure toutes les peurs qui n’ont rien de commun avec l’amour et y inclure toutes les formes d’amour qui, elles, n’ont rien de commun avec la peur. Sans cette double exigence, pourquoi, aux yeux de nos semblables, notre témoignage évangélique serait-il crédible ? Pourquoi toute culture serait-elle authentique? Il faut que nos communautés paroissiales changent radicalement de mentalité; que leurs membres réalisent qu’ils offensent leurs vœux du baptême quand ils se laissent aller à la paresse pour aller à l’Eglise et que chaque fois que l’on ne communie pas au Corps et au Sang du Christ, on n’a pas, selon St Jean (6,53), la vie en soi, c’est-à-dire on est spirituellement mort ; que l’impact de la vie liturgique et sacramentelle ne peut être réduit au seul jour du dimanche, comme si elle n’était qu’une simple entité ou encore un banal produit socio-culturel.
Ne perdons jamais de vue que la qualité et les méthodes du Diable n’ont pas changé; qu’il est resté semblable à lui-même et qu’il est capable de «se transformer en ange de lumière », selon les dires de Saint Paul (2Cor 11,15) ; que le pouvoir de la mort est resté le même ; que les moyens de salut par le baptême et l’eucharistie sont eux aussi restés les mêmes ; que les canons de l’Eglise n’ont pas été modifiés ; que nous lisons toujours les mêmes textes des Ecritures. Alors, comment expliquer nos faiblesses modernes, qui n’ont jamais été aussi évidentes ? N’est-ce pas plutôt parce que nous ne combattons plus le mal selon l’enseignement de la Bible ou encore parce que nous employons l’Eglise dans nos propres intérêts ou que nous interprétons la doctrine du Christ suivant nos propres sentiments ? Plutôt que de critiquer la « rigidité » de la doctrine patristique et des saints canons, ne faudrait-il pas au contraire que le chrétien orthodoxe moderne revienne aux présuppositions de la vie en Christ dans l’Ecriture et qu’il prenne garde à ne pas pervertir la doctrine du Christ ? Après tout, pourquoi ne pas nous efforcer d’aborder certaines questions toutes simples pour tenter de nous affranchir de nos impasses ; des questions telles que celles- ci : que signifie pour nous l’Eglise ; quel est son être profond et sa vocation ?
Pour illustrer un tant soit peu mon propos, j’aimerais vous citer ici quelques phrases du Geronda Saint Porphyrios le Kavsokalybite :
– « Voilà ce que le Diable est parvenu à faire. Il a fait de la terre un labyrinthe pour que nous ne puissions pas nous accorder entre nous. Mais que nous est-il arrivé que nous n’avons pas bien saisi ? Voyez comment nous avons été induits en erreur. Nous avons transformé notre terre et notre époque en un véritable hôpital psychiatrique. Et nous ne comprenons pas en quoi nous avons fauté. Tous nous en sommes étonnés : « Que sommes-nous devenus, où allons-nous, pourquoi nos enfants ont pris possession de la rue, pourquoi ont-ils fui leurs maisons, pourquoi mettent-ils un terme à leur existence, pourquoi ont-ils délaissés leurs études ? Pourquoi toutes ces choses arrivent ? Le Diable est parvenu à masquer son être et à faire en sorte que les hommes utilisent d’autres noms à son endroit… Ils n’admettent pas qu’il les incite et les stimule à devenir égoïstes. Parce que le Diable existe ; il est l’esprit du mal. Si nous disons qu’il n’existe pas, c’est comme si nous renions l’Evangile qui parle de lui. C’est donc lui notre ennemi, celui qui nous combat dans notre vie, l’opposé du Christ que l’on qualifie d’Antéchrist. Le Christ est venu sur terre pour nous affranchir du Diable et nous offrir le salut…C’est bien cela que nous désirons pour que doucement, très doucement, il en soit ainsi avec la grâce de Dieu. Dieu travaille silencieusement. Il ne désire pas influencer la liberté de l’homme. Il agit ainsi afin que, lentement, très lentement l’homme parvienne à se diriger là où il faut qu’il le fasse ».
et encore cet autre extrait, toujours de son livre « Vie et Paroles », traduit aussi en français par les Editions « L’Age d’Homme », que je recommande vivement à votre attention :
– « Le chrétien ne doit pas être nonchalant. Il doit sans cesse veiller. Où qu’il aille, il doit voler sur les ailes de sa prière et de son imagination. Et, de fait, le chrétien qui aime Dieu, peut voler par la force de son imagination. Il peut voler entre les étoiles, à travers l’infini, dans le mystère, dans l’éternité, à l’intérieur de Dieu. Il doit rechercher l’élévation. Il doit prier et ressentir qu’il devient, à son tour, Dieu selon la Grâce. Il peut devenir une plume qui vole par l’effet de son imagination. Et sa pensée n’est pas seulement un simple effet de l’imaginaire ; le terme que nous employons, « il vole », n’est pas de l’imaginaire, c’est la réalité, ce n’est pas un délire de l’imagination. Le chrétien ne vit pas dans les nuages, selon une expression habituellement répandue. Il conçoit la réalité et la vit. Ce qu’il lit dans l’Evangile et chez les Pères, il l’intègre en lui-même, il le vit. Il entre dans les détails, approfondit, fait son vécu de ce qu’il lit. Il devient une antenne sensible qui reçoit les messages de Dieu. »
Reste à définir comment réaliser concrètement la relation entre les personnes, j’entends par là de celles qui reçoivent et de celles qui donnent. St Jean- Chrysostome insiste beaucoup sur cette exigence de la rencontre personnelle avec l’autre, en disant à ceux qui pratiquent l’aumône que la vraie miséricorde n’est pas de donner de l’argent à un pauvre mais de prendre sur soi toute la douleur profonde de l’autre à l’exemple du Christ qui s’identifie à notre vraie souffrance et la prend en charge. De la même manière que nous nous incorporons au Christ durant la liturgie eucharistique au cours de laquelle Il s’offre à nous, nous devons nous aussi nous incorporer à l’autre au moment où nous pratiquons notre don envers lui. Le mystère d’amour, qui unit le Père au Fils, unit aussi le Fils à chacun d’entre nous et doit nous unir dans une véritable communion avec chacun de nos frères, d’où qu’ils viennent et quels qu’ils soient. C’est là que réside toute la signification théologique de la relation intime entre « le sacrement de l’Autel et le sacrement du frère ».
Enfin, dans la mesure où une communauté chrétienne est vivante, chacun de ses membres sait que le prochain, c’est le frère : lui que je rencontre à chaque pas, celui que je tente d’éviter…mais il ne se laisse pas contourner. Aussi loin que j’essaie de m’enfuir, il me rattrape toujours ; il est là, il regarde, il interroge, il supplie, le plus souvent sans paroles. La communauté paroissiale est appelée à reproduire sur terre le mouvement de l’amour partagé, du don de soi mutuel, de la solidarité, du dialogue et de la réciprocité tel qu’il existe éternellement au sein même de la Sainte Trinité. Ceci, parce que tout être est créé à l’image de la Trinité. Et puisque précisément, l’homme est créé à l’image de Dieu, il ne peut pas s’accomplir dans l’autonomie mais dans la relation avec l’autre. Cela a un nom : l’accueil.
« … nous vivons, écrit la Pasteure Nathalie Chaumet dans le journal « Réforme » du 2 avril 2015, dans une société définitivement plurielle. Multiculturelle, pluriconfessionnelle. En économie, nous raisonnons à l’échelle de la mondialisation. Pour nos vacances, nous rêvons de destinations lointaines. Mais dans notre quotidien, nous pouvons nous laisser séduire par des propos tranchants où l’autre devient une menace inquiétante…Ne nous y trompons pas, aucune barrière ne pourra, à terme, contenir ceux que nous aurons refoulés sur le bas-côté. Le chemin est donc ailleurs. Il ne résonne d’aucunes promesses si ce n’est celles de pierres à rouler, d’obstacles à aplanir, de ronces à déraciner. Il nécessite un engagement personnel et collectif sur le long terme dans un pas à pas risqué. Il engage les communautés, les associations, la volonté de l’Etat à la construction d’un vivre ensemble qui favorise la rencontre et le dialogue… il n’est jamais simple de choisir la rencontre lorsque le choc culturel risque parfois même de renforcer nos a priori. Mais ce chemin exigeant m’offre aussi la chance bien réelle de découvrir des frères en humanité que j’apprends peu à peu à nommer devant moi. »
Accueillir signifie donc créer pour l’autre, au sein de la communauté paroissiale, les conditions d’un lieu de liberté ; c’est prendre le temps de permettre à chaque personne d’exister comme personne; c’est pouvoir l’aider à changer intérieurement ; c’est donner au Christ la possibilité de changer la personne, d’en faire un être nouveau. C’est cela l’accueil ecclésial où chacun peut faire à l’autre le don de ses propres charismes. Et ces charismes, ce sont les fruits de l’Esprit Saint, « l’amour, la joie, la paix, la condescendance, la bonté, la foi, la douceur » (Galates 5,22). Il est question ici d’un long chemin qui passe par « la porte étroite » selon la terminologie de l’Evangéliste Matthieu (7, 13-18). Cette porte, nous dit Jésus, la porte de la Foi, est vraiment étroite. Peu nombreux sans doute seront ceux qui tenteront de la franchir. C’est à ce petit nombre pourtant, et nous sommes à même d’en être nous aussi, que le Christ demande d’être la lumière du monde et le sel de la terre. A ceux d’entre nous qui pourraient être inquiétés par toutes les épreuves et les difficultés à venir, Jésus fournit la réponse : « C’est moi qui suis la Porte. Celui qui entre par moi sera sauvé » ! (Jean 10,9)
Le moine Moïse du Mont-Athos de bienheureuse mémoire, quelques mois avant sa naissance au ciel, nous a laissé ce message spirituel en guide de testament :
« Certains prétendent que notre vie ici-bas est assez brève. Cependant nous avons l’impression que c’est à cause de nous seuls que notre temps se rétrécit par les abus, les mauvais usages et la corruption des mœurs que nous lui imposons. Si nous utilisons notre vie avec respect, attention et parcimonie, alors elle apparaît comme suffisamment longue. En général, l’homme ne porte aucune considération au temps qui passe, il le gaspille facilement, il ne le met pas en valeur, il ne lui accorde aucun usage d’utilité. Les hommes se comportent par trop souvent sur cette terre comme s’ils étaient immortels ; ils laissent le temps glisser sans l’exploiter alors que les jours qu’ils traversent sont vicieux. A l’opposé, le temps ne cesse de se rallonger chaque fois que l’homme grandit spirituellement, chaque fois qu’il se rapproche de la profondeur et du mystère sacré du sens de son existence.
Certains ont vieilli sans avoir jamais vraiment vécu puisqu’ ils ont vécu de tout temps comme des vieillards et des jeunes ont vieilli sans jamais avoir grandi. Ils ont peur de la mort malgré le fait qu’ils n’aient pas appris à vivre. La vie leur passe entre les doigts alors qu’ils ne l’ont jamais réellement vécue. Ils ne savent ni ce qu’est la vie, ni ce qu’est la mort ni ce qu’est le sens fondamental de la vie de l’homme. C’est surtout ceux qui sont sous le feu de leur conscience qui ont le plus peur de la mort, ceux aussi qui n’ont pas amélioré leur identité spirituelle et ceux qui se sont laissés entraînés par les plaisirs de la vie. L’homme spirituel au contraire fait barrage en lui contre la corruption et les nuisances que provoque le temps. La paix de l’âme peut habiter l’homme de façon permanente uniquement lorsque celui-ci aura mené une dure persécution contre le mal. La confiance en la divine providence contribuera de façon notoire à le soutenir dans son engagement…
Au cours de notre vie nous passons des examens : avons-nous vaincu nos passions, avons-nous aimé l’amour, avons-nous haï le mal, avons-nous fait connaissance avec nous-mêmes, avons-nous rencontré Dieu ? Si oui, alors nous avons atteint le but, l’objectif et le sens de la vie. Nous avons réussi nos examens. Nous sentons que coule sur nous la myrrhe de l’éternité. Nous n’avons plus peur de la mort. La vie ne nous fatigue pas. Nous expérimentons la métanoïa. Nous espérons. Nous baignons dans la joie ! (in journal « Makedonia » du 28/08/1911). »
S’il est vrai que l’agnosticisme et l’athéisme sont bien là, dans le paysage culturel notamment de l’Europe de l’Ouest ainsi que semble le prouver un gallup récemment publié dans le « Telegraph », il n’en est pas moins vrai aussi qu’il existe indéniablement une vraie quête spirituelle. Toujours selon le sondage de ce même « Telegraph » sous la plume de Jean-Marc Léger, président de Win/Gallup, la religion ne décline pas dans le monde. A cela s’ajoute une autre catégorie dont nul ne parlait encore il y a quelques décennies et qui a sans doute contribué à mettre en recul l’athéisme militant, c’est celle des « sans-religion ». Françoise Giroud, dans son livre « On ne peut pas être heureux tout le temps », remplace judicieusement le mot « incroyance » par celui de « décroyance ». C’est ainsi que s’offre à nous les Orthodoxes l’occasion de créer les conditions d’une vraie rencontre de l’Evangile avec la mentalité d’indifférence que prône un certain nombre de nos contemporains. Une mentalité qui, par ailleurs, s’ouvre pour eux sur un vide difficile à assumer. C’est encore à nous de trouver les mots pour convaincre que la théologie orthodoxe est avant tout une théologie de célébration, au sein de laquelle la pensée, selon Olivier Clément, s’éclaire dans le mystère, « dans le pourquoi de la vie et de la mort ; surtout dans le pourquoi du mal . Une théologie capable de promouvoir ce qui est gratuit dans une société où tout se vend, s’achète et se calcule ; une théologie capable en d’autres termes de promouvoir une réalité qui demande à être contemplée et non pas utilisée ; une théologie enfin qui présente non pas le divin magique des sectes, donateur d’émotions et de pouvoirs, mais un Dieu fou qui transcende sa propre transcendance pour nous restituer l’existence comme sens et comme fête, dans le témoignage de la beauté ; beauté qui n’est plus de séduction et de possession mais de communion. Et il ajoute pour conclure : « il faut en finir avec une conception de la rédemption où la souffrance du Fils est indispensable pour apaiser les humeurs du Père. Dieu n’a pas l’idée du mal. Il n’est pas l’auteur du mal mais le crucifié du mal, qui nous ouvre en retour les voies de la Résurrection ».(voir à ce sujet ces deux livres d’Olivier Clément : « Mémoires d’espérance » chez Ed. DDB-Paris 2003 et « Le mystère de l’homme » chez Ed. Salvator-Paris 2014).
Tandis que l’Europe tend à se construire et à s’unir, la pensée et le témoignage de l’Orthodoxie se doivent de comprendre les difficultés et les tentations de l’Occident. Les Orthodoxes ne peuvent ni les contourner ni les ignorer ; bien au contraire, ils ont pour mission d’assimiler avec créativité toute cette expérience occidentale qui est faite de doutes et de peurs.
Devant cette modernité, ressentie comme agressive, certains chrétiens, il est vrai, rêvent d’un intégrisme de restauration. Attitude qui s’unit, dans l’Europe orthodoxe, à un nationalisme violemment anti-occidental; nostalgie d’une idéologie totale qui n’est au fond, paradoxalement, qu’une forme de sécularisation. Il serait pourtant absurde de penser que l’Orthodoxie s’oppose à l’Occident à un moment où, partout dans le monde on accorde une valeur excessive au progrès matériel et où nos sociétés sont de plus en plus soumises à un libéralisme débordant, qui asservit la personne humaine et nuit à toute vie qui se veut d’abord spirituelle. Les trésors spirituels de notre théologie existent pour tous. Ils font pressentir une autre manière d’être, un « éthos » animé par la foi et la force secrète de la Résurrection. Comme le disait si bien Dostoïevsky, il faut que nous posions sur nos épaules tout le fardeau de l’angoisse de l’Europe. Il nous faut non seulement le poser, mais aussi, et pour autant que nous en soyons capables, le porter et l’assumer avec indulgence et sans superbe.
Une autre exigence majeure qui nous interpelle est celle de l’Unité des Chrétiens et du dialogue inter-religieux en général.
S’agissant de l’Unité des Chrétiens, non seulement le Seigneur Jésus en fait un appel vibrant dans sa prière au Père la veille de sa Passion (Jean 17,21) mais il est clair qu’en se présentant en désordre et divisés face au monde, les Chrétiens perdent beaucoup en crédibilité, qu’on le reconnaisse ou non.
Malgré les âpres divisions qui ont pu exister entre les différentes traditions, en dépit des actes prophétiques de rencontres et de retrouvailles remarquables qui ont vu le jour au cours du second millénaire et qui se perpétuent jusqu’à nos jours, un retour à l’Unité des chrétiens exigera sans doute encore beaucoup de temps, des prières incessantes et des larmes. Quelles que soient les responsabilités des uns et des autres, les déchirements entre les chrétiens suscitent un bien triste témoignage. Par ailleurs, l’Eglise Orthodoxe ne saurait consentir à l’unité des chrétiens aussi longtemps que l’unité dans la Foi ne soit pleinement et mêmement confessée par tous, puisque le rassemblement autour du Calice commun, autour de l’Eucharistie qui est le lieu concret de la communion ecclésiale, ne peut se réaliser qu’entre les personnes conscientes de partager la même foi. Une seule et unique même foi !
D’ici là, nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Il est impératif que les chrétiens établissent parmi eux une authentique et active collaboration – «une pastorale de communion » comme se plaisait à le souligner le Pape Benoit XVI au cours de son pontificat – par laquelle ils pourraient confesser au monde entier que « le Christ n’est pas une institution ; qu’Il est, pour ceux qui souffrent, valeur, acte, transformation des cœurs dans le sens de la douceur, de la simplicité, de l’humilité » (Georges Khodr : « L’appel de l’Esprit », pages 321-322 – Ed. du Cerf/Le Sel de la terre, Paris 2001).
Une pastorale de communion susceptible d’émouvoir la société sécularisée ; une pastorale de communion qui devrait placer l’homme devant ce qui, à première vue, ne sert à rien mais qui, malgré les apparences, éclaire tout parce qu’il existe encore des réalités secrètes que l’on ne peut ni expliquer, ni acheter, mais seulement contempler et admirer ; une pastorale de communion qui inciterait tout un chacun de saisir son existence comme une célébration, comme une fête où il pourra enfin trouver une parole vraie, des images et des gestes de vérité, même si l’histoire folle de notre temps présent semble sans cesse le faire taire ; une pastorale enfin de communion qui devrait rappeler à la société sa responsabilité et son sens de l’amour, sans se laisser enfermer dans cette fascination par la mort qu’elle ne cesse des secréter en engendrant une sorte « d’angoisse du crime contre l’autre ou contre elle-même ».
Devant cette incapacité de faire face à des tragédies humanitaires comme celle des migrants naufragés ou noyés en Méditerranée, devant la banalisation de certains discours et de certains comportements haineux, associée à des réflexions ou à des actes racistes, comment peut-on encore ignorer à quel point le respect d’autrui et le vivre ensemble sont désormais fragilisés ? Par quels moyens d’action faire comprendre à nos contemporains que seul Dieu est la liberté de l’Homme, que seul Lui est ce « Quelqu’un » qui s’interpose à jamais entre le néant et nous. Un néant qui engendre tant de terreur et qui se monnaie en une multitude de peurs ?
Nos Eglises ressemblent un peu à ces gens qui parlent en langues différentes et c’est pour cela qu’Elles ont besoin d’interprètes capables de proposer une nouvelle traduction de la Parole évangélique en partant de l’homme lui-même. Après tout, dans le dialogue que nous menons avec les autres Confessions chrétiennes, il ne nous a jamais été demandé de faire fi de notre identité ecclésiale propre, pourvu que nous restions le ferment humble et paisible, le lumignon sous le boisseau, afin que surgisse une nouvelle politique culturelle au sein de laquelle nous assumerions au mieux la part qui revient à nos Eglises respectives. A Elles de faire l’effort de garder sans l’aliéner le cap vers le Royaume ; de se préserver de la tentation de s’accrocher aux choses de ce monde en suivant l’exemple du Christ qui, sur la très haute montagne, avait opposé un refus catégorique à la proposition du Diable de séculariser son existence, son incarnation et sa perspective eschatologique (Mt 4,9). Le miracle ne réside-t-il pas, en fin de compte, dans l’imprévisible dont Dieu permet la réalisation par l’intermédiaire des hommes ?
« Le monde a besoin de paroles fortes, libres, vraies, à la mesure de la Parole qui s’est faite chair. Il faut que, à l’instar de ce qu’a fait le Fils de l’Homme, cette parole descende dans la rue », écrit le Métropolite Georges Khodr du Mont Liban (loc.cit). Que l’engagement de nos Eglises fasse qu’Elles deviennent un jour l’Eglise-Une des profondeurs, l’Eglise-Une du mouvement, l’Eglise-Une de l’idée divine qui agit pour la vie du monde.
Quant au dialogue inter-religieux, il convient, pour nous Orthodoxes, de reconsidérer la question dans une perspective nouvelle qui s’appuie sur l’Ecriture et les Pères de l’Eglise, permettant ainsi d’aborder ensemble les questions brûlantes, spirituelles, culturelles, morales et sociales que rencontre le monde d’aujourd’hui, quand bien même les réponses de l’Eglise seront souvent spécifiques. Permettez-moi toutefois de circonscrire ma pensée autour de nos frères orthodoxes du Moyen-Orient et de l’Afrique, qui sont en relation directe avec le Judaïsme et l’Islam et aussi autour des exigences que suscitent la question de la gouvernance de leurs sociétés pluralistes, avec lesquelles l’Orthodoxie a une histoire de plusieurs siècles de compagnonnage. Il est clair que dans ce cas précis, l’Evangile appelle les chrétiens du Moyen-Orient, comme le dit si bien notre ami Carol Saba dans ses chroniques antiochiennes, à une véritable révolution contre le fixisme, la superficialité, l’injustice sociale, la déliquescence morale et la réaction délétère. Pour que dans le monde arabe l’on puisse instituer une relation novatrice entre le religieux et le politique comme facteur de progrès et non pas de régression, comme facteur d’épanouissement de toutes les composantes essentielles, chrétiennes et musulmanes afin de soutenir et de protéger toutes les causes justes qui ont trait à la dignité de la personne humaine ; pour que les chrétiens d’Orient soient encouragés de mettre un frein au déracinement progressif de leurs terres ancestrales et que leurs communautés parviennent à s’affranchir de la logique du repli sur soi, lequel est tantôt toléré tantôt protégé. Pour défendre enfin, avec leurs compatriotes juifs et musulmans, un espace de liberté, de fraternité et d’égalité de la personne humaine.
Il y a maintenant deux ans depuis leur enlèvement que les Métropolites Paul et Jean ont disparu de notre horizon sans laisser la moindre trace. Et nous ne cachons ni notre angoisse à leur sujet ni notre espoir, aussi ténu soit-il, qu’ils réapparaîtront un jour. Ils sont nombreux, au Moyen-Orient et en Afrique aussi, nos frères et nos sœurs, qui auraient pu renié leur foi orthodoxe en se laissant islamiser pour sauver leur existence mais ils ont préféré conserver leur liberté intérieure en choisissant d’être les témoins du Christ et « de l’espérance qui est en nous tous » (1 Pierre 3,15), là même où le Seigneur les a invités à vivre et agir avec intelligence et audace. Ce sont nos nouveaux martyrs du XXIe siècle. Tout simplement, parce que Christ est ressuscité…
Quant à nous, nous ne voulons plus, nous ne devrions plus couvrir cette imposture par le silence. Le devoir de mémoire, c’est d’abord un appel à un examen de conscience de nos sociétés (nourries des visions d’un passé qui n’existe plus et qui n’existera jamais plus) vis-à-vis de ce qui fut fait pour en arriver là, de ce qui se fait pour que le mal se perpétue de la sorte et de ce qu’il adviendra.
J’arrive à ma conclusion. Tout ce qui a été dit ou suggéré jusqu’ici pour la sauvegarde des œuvres entreprises par l’homme (comme c’est par exemple le cas pour l’évaluation et la reconnaissance de l’acquis scientifique, des données technologiques et de l’apport de la réflexion philosophique contemporaine), pour l’édification de l’Eglise du Christ sur terre, pour la manifestation salvatrice de Dieu dans le monde, pour l’exercice de l’ascèse et de la prière afin qu’elles contribuent à la sanctification et au salut de toute la création, tout cela est contenu et récapitulé dans la Divine Liturgie, qui est l’expression par excellence de la communauté humaine rassemblée dans la paix devant le Trône de son Créateur.
La Divine Liturgie, laquelle est initialement culte et offrande, fait aussi appel, du point-de-vue qui nous intéresse présentement, à une réorganisation responsable et décisive de le la vie humaine par les chrétiens. Elle restructure le temps, l’espace, les relations non seulement entre les personnes humaines mais aussi avec toute la création. Le caractère eucharistique de la liturgie incite les fidèles à mieux vivre ensemble, à accepter les fruits du labeur des hommes comme un don véritable, qui sera ensuite offert à Dieu avec ce désintéressement duquel découle toute joie pour celui qui fait part de sa contribution sans rien attendre de retour.
Dans l’espace eucharistique, la vie du chrétien se place aux antipodes de cette manie effrénée de consommation qui règne sur notre civilisation. Si les chrétiens prennent la peine de mettre en valeur la qualité eucharistique de la célébration liturgique, alors la société, dans laquelle ils évoluent, sera libérée des racines de ses insuffisances et elle trouvera le moyen de s’ouvrir à l’espérance, à l’amour, à la foi, en un mot elle se laissera christianiser.
Ne perdons jamais de vue qu’à chaque célébration de la divine liturgie les tendances progressistes de l’Histoire réalisent leurs finalités. Le temps n’est pas effacé ; il se surpasse dans l’éternité. L’espace s’élargit jusqu’à l’infini afin de contenir Celui qui ne peut être contenu nulle part. Le mouvement atteint son terminus qui n’a pas de fin : après avoir dépassé les limites de la création, il continue de se mouvoir dans l’Incréé tout en demeurant immobile. En un mot :la Divine Liturgie conduit le monde à sa perfection afin que « tous et tout soient un » (Jn 17,21).
+Stéphanos, Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie