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MESSAGE PASCAL DE L’AN DE GRÂCES 2025

(Tallinn, Dimanche 20 avril)

Venez, recevez la lumière

de la Lumière qui ne s’éteint jamais

et glorifiez le Christ, ressuscité d’entre les morts.

Très considérés Evêques de Pärnu-Saare Alexandre et de Haapsalu Damaskinos,

Très aimés Membres de notre Sainte Eglise d’Estonie, Prêtres et Diacres,

Très respectées Sœurs du Monastère des Saints Jean-Baptiste et Apôtre André,

Peuple très cher à mon cœur, Membres de nos Communautés Paroissiales,

Ce grand et saint jour de Pâques tout particulièrement, les chrétiens du monde entier, à la même date, à la même heure et au même moment, nous clamons tous ensemble, d’une seule voix et d’un seul cœur et nous chantons et nous proclamons avec une immense joie universelle :

LE CHRIST EST RESSUSCITE !

La résurrection du Christ, écrit le Professeur Olivier Clément, ne signifie ni la réanimation d’un cadavre ni un mort revenant à la vie dans les conditions où il se trouvait avant de mourir. La résurrection du Christ bouleverse radicalement ces conditions. « Jésus ressuscité est Celui qui est descendu jusque dans les Enfers ; c’est Le même qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses » (Ephésiens4,8-10).  Désormais, le Christ échappe à l’espace et au temps qui séparent ; désormais Il les transforme en moyens de rencontre, en chemin de communion. Le Christ ressuscité a revêtu notre chair pour la libérer de la mort et, selon Saint Cyrille d’Alexandrie dans son homélie sur Luc (5,19), « comme le fer mis en contact avec le feu prend la couleur du feu, de même la chair de la création, après avoir reçu en elle le Verbe divin, qui est le Christ ressuscité, est libérée de la corruption » (Olivier Clément : Christ est ressuscité, Ed. DDB, p.45-49).

Il est vrai que les forces des ténèbres semblent devenir de nos jours de plus en plus fortes, de plus en plus agressives. Le retour d’une politique de puissance cynique, l’envie de soumettre sans pitié des nations plus petites, la dépendance aux technologies qui soi-disant « libèrent » l’homme de la pensée, la détérioration écologique du monde créé par Dieu et combien d’autres innombrables maux semblent le diviser de toutes parts. Pourtant, au milieu de tous ces maux, la résurrection du Christ se révèle et nous donne, au sein d’une époque si troublé, une authentique ouverture de lumière, une authentique espérance « d’un jour sans soir », un authentique témoignage de l’amour de Dieu pour toute sa création par son triomphe sur la mort.

« Hier, chantons au cours des matines pascales, j’étais enseveli avec Toi, ô Christ. Aujourd’hui, je me réveille avec Toi, ô Ressuscité. » Oui, nous nous réveillons comme des enfants, comme des convalescents, dans la lumière de Pâques. Dieu nous redonne la vie. Dieu nous pardonne. Comme à la femme adultère de l’Evangile, le Christ dit à chacun de nous : « Je ne te condamne pas. Va, et ne pêche plus ! » (Olivier Clément, loc.cit.)

« Venez, recevez la lumière » … chante   le célébrant tout en surgissant du sanctuaire, jusque-là plongé dans la pénombre, pour distribuer aux fidèles la lumière de son cierge. C’est l’appel pour accueillir la vraie Lumière qui est le Christ. C’est l’appel pour accueillir la lumière du Christ ressuscité. Toutefois, sans s’être au préalable purifié de la méchanceté et des passions, il n’est pas possible de communier à cette Lumière résurrectionnelle. C’est cela que nous enseigne cette étrange parole monastique que nous relate le grand théologien et prêtre Georges Metallinos : « Eh bien voilà, si tu meurs avant de mourir – autrement dit, si avant de mourir tu meurs au péché – tu ne mourras pas au moment de mourir ». (in journal grec EPALKSIS n° 789, Athènes, 2025). Le Christ ressuscité ne s’impose pas. Il se révèle secrètement, doucement, tout simplement à ceux qui librement L’accueillent et Le désirent dans la foi et l’amour. Je me souviens de ce que m’avait dit un jour mon regretté professeur de théologie et ami Olivier Clément : « Ce n’est pas la résurrection qui provoque la foi ; c’est la foi qui permet à la résurrection de se manifester ». 

Mes bien-aimés dans le Seigneur ressuscité,

La Lumière de la Résurrection rayonne dans l’obscurité au point de l’éblouir si bien que finalement Elle finit par l’absorber définitivement. Désormais la terre reçoit la greffe d’un feu nouveau, la greffe du feu de l’Esprit Saint. Par sa mort, le Christ ressuscite les morts. Il n’y a pas de plus grande expression d’amour pour la vie humaine et pour le corps humain que celle de l’annonce de la Résurrection. Elle est notre vocation et notre mission. Nous les réalisons par notre vécu qui passe par la Croix et aboutit au tombeau vide, tel que l’avait laissé le Christ après s’être levé d’entre les morts.

Je termine par un extrait d’un poète anonyme du 1er siècle qui parle ainsi du Christ ressuscité : « J’ai ouvert les portes cadenassées, /… plus rien n’a été fermé / parce que je suis la porte de tous les êtres. Je suis allé délivrer les prisonniers, ils sont à moi / et je n’abandonne personne » (Salomon, Odes 17).

Le Christ est ressuscité et chaque jour est résurrection ! Le Christ est ressuscité et chaque heure est résurrection ! Le Christ est ressuscité et chacune de nos respirations est résurrection ! (d’après Ménas G. Hadjiantoniou : « Chaque Pâques »). 

A lui tout honneur et toute gloire pour, les siècles des siècles., Amen !

+Stephanos, Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie,

                                                                              Président du Saint Synode.